L'expérience de Thibaut au Bol d'Or 2010

 

C’est là que tout a commencé !

En 2006, le Ton Up est à Magny-Cours avec le Bol Classic : Dans une organisation menée de main de maitre par Marie Leytere, nous nous y entrainons tout le vendredi, ainsi que deux fois le samedi et le dimanche. Le circuit est très sympa, varié et impressionnant avec ses grandes tribunes, même si la piste semble parfois trop large pour nos motos anciennes. L’impression parfois d’être sur une piste de décollage de Roissy…
Et surtout nous y avons l’occasion de nous baigner dans l’ambiance de la course, avec le Ton Up racer bien sur, le team Yellow Peril et la Trident Pettinari en haut de l’affiche, et toutes les autres anglaises engagées, tous ces twins et ces triples qui nous font vibrer.

En 2007, nous y retournons, toujours avec le Ton Up , cette fois c’est la Trident magnifiquement préparée de Baumann-German qui gagne , au nez et à la barbe de tout le gratin. Quel exploit mémorable!
Mais pour les avoir observés un bon moment de jour et de nuit dans les stands puis depuis les tribunes, je me souviens m’être dit : « Là, ca va vraiment trop vite, laisse tomber, ce n’est pas un truc pour toi ».

 

En 2008, pas de Ton Up au Bol. Mais mon copain anglais Richard DARBY y engage sa Trident sous les couleurs de Moto Station. L’équipage se qualifie de justesse, mais termine la course en 29ème position. http://www.moto-station.com/article4131-la-rob-north-3d-moto-station-au-bol-d-or-classic-on-s-est-mouille-.html

Là, c’est l’étincelle. Si Richard y est arrivé, why not…Pour avoir maintes fois eu l’occasion de m’arsouiller sur la piste avec lui, je sais que je ne serais pas complètement ridicule. L’an prochain, c’est bon pour nous !
Fin 2009, la décision est prise. Reste à trouver un coéquipier. Il faut qu’il soit sympa, très indulgent avec son coéquipier,  qu’il ait l’habitude de piloter un Rob North, qu’il connaisse Magny cours, qu’il soit rapide et qu’il ne chute pas chaque troisième virage. L’évidence s’impose, ce sera Marco les virolos alias Piaf: Marc Lejeune. Son enthousiasme est communicatif et il a déjà fait le BOC comme pilote du Yellow Peril (douloureux souvenir pour lui…).

Reste à construire un engin capable de porter nos espoirs. Suffisamment rapide pour arriver à se qualifier : en effet la limite est fixée à 130% du chrono du premier et mes nuits sont hantées des histoires de potes qui ont échoués aux qualifs. La moto doit être suffisamment fiable pour aller au bout de l’épreuve. Elle ne doit pas être trop difficile à piloter parce qu’une heure non stop en selle sur un circuit… ceux qui ont essayé s’en souviennent …
La base est là, ma Triumph Rob North, chassis NWS n°3, moteur T160 refait à neuf et préparé par mes soins avec l’idée de l’inscrire un jour au Bol, kité en 850cc au moyen d’un kit Norman Hyde largement modifié, une culasse Hyde Daytona, la transmission par courroie P&M, l’embrayage racing Newby etc…Cela fait deux ans que cette moto roule sur circuit et en course de cote, elle a fait environ 400 km. J’ai eu le temps de la roder et de la mettre au point en moteur et en partie cycle, après de nombreux tâtonnements les suspensions sont réglées « aux petits oignons ». Je sais qu’elle est rapide et fiable. Reste à l’équiper pour le Bol : une batterie de deux phares longue portée Marchal trouvés sur une bourse, un gros réservoir trouvé d’occase en Angleterre, une grosse selle pour y loger la grosse batterie. En effet, un rapide calcul nous a  montré que l’alternateur de 120 watts ne sera pas suffisant pour alimenter les deux phares pendant une heure et demi en complète autonomie.
Il y a du taf, et je ne compte pas les heures passées à l’atelier en hiver, le soir, les weekends, par un froid glacial, chaussé de « moon boots » et habillé de trois couches de polaires, à concevoir un bâti arrière, un support de phares, le circuit électrique. Toujours le souci d’être performant et de chasser les grammes superflus.


Heureusement que Pascale qui partage ma vie ainsi que mes grands enfants Tristan et Laure sont compréhensifs. La passion de leur père est quelque peu chronophage… Merci à eux. Ce BOC sera aussi un peu le leur !


En décembre, c’est l’envoi du dossier d’inscription. 1200 euros pour l’équipage. Quand même. Non remboursables en cas de forfait. A ce prix là, ce serait mieux de ne pas se louper…

Et nous constituons l’équipe. Un team manager : fin psychologue pour booster les trainards et calmer les excités, fort en gueule pour se faire respecter lorsque le bateau tangue, calme et efficace, Jeannot Souchot est l’homme de la situation ; un chef mécano connaissant parfaitement les trois pattes, rapide dans l’exécution et  soigneux dans la réalisation, c’est évidemment Yves Morandy  (Tricati) ; un chronométreur-panneauteur et un ravitailleur : mes  fidèles amis Michel Jung et Pierre Hertrich toujours prêts à se laisser embarquer dans mes plans foireux, un responsable sécurité feu :Martin Karcher qui dirige une caserne à Strasbourg, s’il est capable d’éteindre un gratte ciel , il finira bien par y arriver avec une Triumph…, un « pousseur » athlétique pour faire démarrer au quart de tour cette moto dépourvue de démarreur électrique : Olivier Marville. Olivier a couru deux fois le BOC,  il nous fait l’amitié de venir nous aider et nous donner des conseils, Marie et Gaby sont là pour réchauffer les cœurs. Marie qui a allumé la mèche ne nous laisse pas tomber!

Enfin une équipe « cuisine » pour assurer la subsistance de ce petit monde : Sepp Sigrist, Lionel et Lysiane Lejeune, dont la gentillesse et la disponibilité vont faire de ce WE un rêve éveillé.  Avec l’aide précieuse de Marie qui s’y connaît en design, je fais floquer un lot de tee-shirt aux couleurs de la Triumph numéro 8 pour distribuer à l’équipe.  C’était le numéro de la Trident Pettinari, gagnante de l’épreuve trois ans auparavant. On ne doute de rien !
Une vraie équipe de potes, soudée et tendue vers un seul but : courir le BOC avec une anglaise!

Nous arrivons le jeudi soir, liste des engagés, 56 inscrits. Il y a du beau monde. Surtout ne pas regarder autour, on ne va pas se stresser avant que cela commence…

On installe le stand, le magnifique barnum qu’à ramené Marco est dressé dans le paddock et avant que le chef mécano arrive, on décide de régler la synchro de la magnifique rampe de carbus Amal Mk2 de 33 mm, made by P&M, splendide cadeau de mon très cher ami anglais John Biggs qui peu de temps avant de décéder, rongé par le cancer, m’avait fait parvenir un  colis postal avec ce mot « Là-bas je n’en aurai plus besoin , et je sais que tu sauras en faire bon usage ». C’est décidé : le team s’appellera « John Biggs racing ».

Ca commence mal : la moto pétarade tant qu’elle peut, flammes à l’échappement, etc…
On change les bougies, on permute les bobines : rien à faire. Vendredi matin, première séance d’essais libres facultatifs (70.-euros de plus…), bien tranquillement pour se remettre le circuit en tète. Toujours ces fichus pétarades. Heureusement, entre temps Tricati est arrivé. Au bout de 10 minutes, il trouve une cosse dessertie sur le capteur de l’allumage Boyer.  Vraoum !!!....ca ronfle. Marco fait trois tours et rentre aux stands : « Quel moteur, celle là elle envoie ! ». Elle va fort, mais il y a un souci dans le train avant. Et il faut adapter la commande de sélecteur car Marc s’est pris un portail en fer forgé sur le pied quinze jours avant le BOC et il peut à peine le bouger : on adapte, on adapte…


Vendredi après-midi, seconde séance libre facultative (re-70euros..). Décidément, le train avant a un problème, il vibre et Marco ne le « sent pas ». Moi, planant dans l’ambiance, je trouve évidemment que tout va bien !... Le team manager semble assez interloqué par la platitude de l’électroencéphalogramme de l’un de ses pilotes mais il parvient à rester zen face aux difficultés !... Allez, on démonte la roue avant ! Le pneu avant semble avoir un faux rond. Marco a emmené un pneu neuf, je commence à essayer de le monter au démonte pneu, mais devant ma criante inefficacité, on décide d’aller se compromettre dans le camion atelier de l’écurie Kawasaki Godier Genoud . Là, ils ont les machines qui vont bien.  Au moment de remonter l’axe de roue, je me rends compte que l’un des roulements est complètement fichu. Ca c’est la vraie tuile ! Comment trouver un roulement de roue avant de Triumph North à 17 heures un vendredi ?

Et les essais qualificatifs commencent le samedi matin. Une partie des membres de l’équipe part fouiller sur les quelques stands de la bourse tandis que l’autre se met en quête d’un annuaire pour trouver un détaillant en roulements dans le coin de Nevers. Miracle, un copain de Tricati qui fait partie de l’équipe Laverda passant par là, et nous voyant désespérés avec notre histoire de roulement demande : « C’est quel numéro votre roulement ? Tiens il me semble que nous en avons quelques uns de ce modèle dans nos caisses ! » Bingo: c’est le bon ! C’est ça l’entraide au BOC.


Vendredi soir : l’heure du contrôle technique. Passage au sonomètre : 98db. Zut, si nous avions su nous aurions laissé plus de liberté à l’échappement ! (La limite est fixée à 105db). De toutes les manières, à peine rentrés au secret des stands, les teams re-bricolent vite fait les échappements qui bizarrement feront tous beaucoup plus de bruit pendant la course qu’au moment du contrôle…Que croyez vous que nous fîmes…
Ensuite, cette sombre histoire de feu arrière non-conforme : Après avoir lu cinq fois le règlement sans vraiment parvenir à comprendre, avoir demandé au contrôleur de nous réexpliquer, toujours sans rien y comprendre,  Yves décide de modifier le circuit électrique  pour l’adapter à l’interprétation du contrôleur. L’essentiel n’est-il pas d’avoir la signature sur le bas du papier ?
Enfin, nous nous entrainons au ravitaillement. Le règlement est très strict, et chacun des membres de l’équipe, pilotes, ravitailleur, béquilleur et responsable incendie doivent avoir des gestes précis sous peine d’écoper d’une pénalité. Notre team manager s’arrache les cheveux devant notre amateurisme…

Samedi matin 

1ère séance d’essais chronos pilotes bleus.

C’est parti pour moi. Deux tours pour chauffer les pneus, et alors que je commence doucement à attaquer, le moteur ratatouille puis s’arrête net à l’épingle d’Adelaide. Flute. Les commissaires de piste me ramènent en camionnette qui me dépose à l’arrière des stands. Stupeur de l’équipe et du team manager lorsque j’apparais dans le box par la porte de derrière, poussant la moto. Agglutinés sur le muret de la pit lane, ils commençaient tous à se ronger les ongles…

« C’est bizarre, ça ressemble à une panne sèche ». On dépose le réservoir, les robinets : tout est complètement bouché par un agglomérat de particules. Peut-être un liner de traitement du réservoir Daytona d’occasion qui s’est décollé ?  Pour éviter ce genre de souci nous montons un filtre sur la canalisation d’essence, aimablement fourni par HP Racing au titre du sponsoring. Merci Philippe..
Et c’est reparti juste à temps pour la fin de la première séance qualif de Marco qui en l’espace de cinq tours, fait claquer un  2minutes 16, à priori largement suffisant pour le qualifier. Il est ravi.
Seconde et dernière séance qualif pour moi :  Objectif : moins de 2.20.
Deux tours tranquilles pour chauffer les pneus, troisième tour à l’attaque. Michel me passe le panneau : 2.27 ! Glupps, mais mon pauvre ami, tu te traines ! Quatrième tour en freinant plus tard, accélérant plus tôt, slider par terre dans tous les virages. Panneautage : 2.25 !!! La vache, ce n’est pas gagné.
Le tour suivant à l’agonie, limite partout, et 2.23 au panneau, drapeau à damier, fin de séance. Je rentre aux stands dépité. Trop nul ! A cause de moi, on risque de ne pas être qualif... J’enlève le casque, commence déjà m’excuser. Marlyse Sciboz est venue nous soutenir avec Bernard son mari. Elle me tape sur l’épaule, avec son délicieux accent Suisse « super, 2.15 : on peut dire que tu n’es pas venu pour te promener !... »  Comment ça 2.15 ?
Sur le moniteur de chronométrage officiel qui se trouve devant le stand voisin, s’affiche le chrono :  2.15 pour le « John Biggs Racing ». Il s’avère que le chrono de Michel est défaillant. Il ajoute systématiquement 8 secondes !...Infaillible méthode pour faire aller vite son pilote. Sacré Michel.

Du coup, trop heureux d’être qualifiés, nous faisons l’impasse sur la dernière séance d’essais officiels. Pas de risques inutiles. De toutes manières, comme nous n’avons pas de démarreur électrique sur la moto, nous sommes condamnés à partir en dernière ligne. Comme la météo, l’ambiance dans l’équipe est au beau fixe. Lionel est aux petits soins pour la moto. Il l’astique et la fait briller pour la préparer à la séance d’exposition au public. Comme dit Marco, une belle moto va toujours plus vite qu’une horreur !

Les spectateurs défilent devant les stands, énormément de questions, de compliments et  mots d’encouragements pour l’équipe de la belle anglaise… Plein d’amis qui passent prendre des nouvelles:  Jean Noel qui espérait tant pouvoir finir sa Norton à temps, les Nollet père et fils, ceux du MAC : Nabs, Philippe, René notre webmestre, Dédé du Triton, les alsacos du MC Barr qui roulent (vite) sur la GSX1000 et les autres que j’oublie…
Sepp et Lysiane nous ont préparé une collation, la soirée va être longue…

Départ de la première manche, samedi 19heures. La tension monte. La batterie de phares a été installée sur la moto, la grosse batterie branchée dans le dosseret de selle. C’est Marc Lejeune  qui prendra le premier départ.

Les tribunes sont bondées. Deux tours de chauffe, toutes les motos se mettent en épi le long du muret des stands, nous sommes juste à coté de l’autre Trident engagée, un équipage mixte hollandais . A moins trois minutes Marco traverse la piste, Olivier tient la moto par la selle.  Toute l’équipe est collée à la vitre de la pit lane. Sur le circuit, le temps s’est arrêté. Plus un bruit hormis le speaker et son micro. Quelle émotion !...
3,2,1 Et c’est parti…
Sprint à travers la piste, violente poussée d’Olivier (la selle en poly a été renforcée à la fibre de carbone  pour y résister), le Trident claque sur la première compression et Marco se faufile avec maestria à travers le gros de la troupe. Super départ.
Il aligne les tours, régulier et rapide. Après 30 minutes environ, sur les instructions le la direction de course on lui passe le panneau « lumière » et il allume les phares. Tout va bien.

Michel nous annonce que le pilote fait des signes de la main en passant devant le stand mais ça ne semble pas grave. Et les minutes passent, rythmées par le ronflement rauque de notre Triumph bleue qui résonne entre les tribunes en montant les rapports.
Soudain, nous le voyons passer avec le phare droit à l’horizontale. La fixation s’est certainement desserrée. Pas gênant pour le pilotage car il ne fait pas encore vraiment nuit, mais nous craignons  que l’optique ne se détache complètement. Puis c’est le pace car qui entre sur la piste. Il y a eu un crash quelque part sur le circuit et la course est neutralisée pendant plusieurs tours. Cela fait cinquante minutes que le départ a été donné et nous hésitons à faire rentrer Marco plus tôt que prévu pour resserrer ce fichu phare. Lui-même ne semble pas s’en être rendu compte. Ordre, contre-ordre du team manager  qui craint de ne pas avoir assez d’essence pour assurer un second relais d’une heure dix, désordre ! Le panneauteur ne sait plus ou il en est, brève engueulade dans le stand. Le stress !...

Et tout à coup, alors que personne ne l’attend, Marco rentre ! Malgré l’énorme flèche orange brandie par Jeannot, le voilà qui se trompe de stand : Il est obligé de faire marche arrière !...Panique à bord.

« La sangle, la sangle !» « Quelle sangle ?... » On rentre la moto dans le box, car nous n’avons pas le droit de faire d’intervention mécanique sur la zone de ravitaillement. La sangle en caoutchouc munie d’un crochet qui tient le réservoir s’est décrochée plusieurs fois pendant le relais et Marco a été obligé de la raccrocher en roulant. 30 secondes pour la resserrer, 30 secondes supplémentaires pour resserrer le phare, on ressort la moto sur la zone de ravitaillement, 15 litres d’essence, ça déborde un peu, je saute dessus et c’est reparti.  Sortie des stands au ralenti, vitesse limitée, puis gaz.



Un peu énervé,  car notre ravitaillement qui devait ressembler à un ballet bien réglé s’est transformé en une  farce grotesque.
La vache, il fait nuit noire sur ce circuit ! Quand je pense à certains « conseilleurs » qui m’avaient dit que deux phares étaient inutiles…Je remonte la parabolique puis me tapi derrière la bulle au fil de la longue ligne droite à fond de cinq, 210-220km/h à la louche, comme un missile vers l’épingle d’Adelaide qui se prend en première. Allez, pour le premier tour, on va la jouer cool, je freinerai au panneau 150m. A la marque, je sors la tète de la bulle, tourne la poignée pour couper les gaz et horreur, ca reste ouvert en grand !...Aaargghhh…
Vite, le coupe contact. Cramponné aux freins avec l’énergie du désespoir. Heureusement, avec les plaquettes HH et les disques fonte, on donne dans l’efficace coté freinage ! Marco m’a avoué avoir levé l’arrière à plusieurs reprises. Je ne sais pas comment j’ai fait pour négocier l’épingle, mais comme ce fut chaud !
A plusieurs reprises, l’accélérateur se coince pendant ce tour mais cette fois-ci je me méfie et finit la boucle au ralenti.
Rentrée impromptue aux stands où évidemment personne ne m’attend. « L’accélérateur se bloque ! » On rentre la moto, fébrile bidouillage des câbles, de la poignée, « c’est bon, tu repars ! »
OK je veux bien repartir, mais cette fois ci  on va y aller mollo, mollo : devenu circonspect l’anglophile…
Et rebelote, au bout de la ligne droite, voilà que ca se re-bloque ! Et à nouveau un tour au ralenti, re-retour aux stands. Cette fois-ci l’équipe dépose le réservoir pour jeter un œil sur les carbus. Pendant ce temps là je me colle sur une chaise dans un coin du box, trop de stress.
Ne trouvant rien d’anormal, ils referment. Et c’est à ce moment qu’Yves dit « Stop, il y a une marque sur le fond du réservoir. Et elle n’y était pas tout à l’heure » 
?????......
Enfer, c’est le bras du palonnier qui touche : Avec la sangle retendue, lesté par le plein d’essence le réservoir est descendu de quelques millimètres. Bande d’abrutis que nous sommes, nous n’avions jamais fait d’essais avec le plein. Des débutants je vous dis!...


Et c’est reparti en rajoutant une épaisseur de caoutchouc pour rehausser le tout. : 37ème alors que nous étions 18ème avant mon relais. Les tours succèdent aux tours, le pinceau des phares qui ballaient la nuit dans la partie sombre, les tribunes inondées de lumière qui défilent à toute vitesse, avec la foule des spectateurs et ce fichu panneau qui est censé me d’indiquer l’heure et que je n’arrive pas à repérer. A intervalles irréguliers un autre pinceau lumineux se superpose au mien, et parfois plusieurs qui dansent ensemble devant la moto, signalant la présence d’autres pilotes plus rapides qui me rattrapent puis me doublent. Et toujours ce brave trois pattes qui ronfle. C’est diablement long une heure dans ces conditions. Ce doit être horrible lorsqu’il pleut. A mesure que l’heure avance,  je double de plus en plus de motos. Certains semblent carrément être à la dérive…La fatigue ? Ou des soucis mécaniques ? Et soudain, à la sortie de la chicane, un drapeau à damier. Quoi, c’est déjà fini ? Je commençais juste à prendre le rythme…Un tour au ralenti, puis retour aux stands. Quel accueil ! . Tout le team est là, qui applaudit. Inoubliable !

On se retrouve tous sous le barnum dans le paddock. L’équipe nous a concocté un super diner. La Meteor pils et le vin coulent  à flot, mille histoires à raconter, chacun a vécu ça d’une façon différente. Au dodo à minuit. Une bonne nuit de sommeil.

Dimanche matin :

Nous arrivons  à 8 heures au circuit. Yves est dans le box depuis six heures du mat. Il a tout resserré sur la moto, vérifié un tas de choses. Quelle énergie !
On démonte les phares dont nous n’aurons plus besoin pour la manche de jour.

C’est moi qui vais prendre le départ de la seconde manche. Toujours le même silence dans la minute précédant le départ, impressionnant. En traversant la piste pour aller me mettre sur le plot de départ, je me dis intérieurement: « Mais qu’est ce qui t’as pris d’aller te fourrer dans un truc pareil ???? ».Et c’est parti, sprint vers la moto, à un cheveu de m’étaler au milieu de la piste, contact, l’énergique poussée  d’Olivier et vroum !..

De jour, c’est quand même plus facile. Les tours défilent, essayant d’aller vite en gardant un peu de réserve pour ne pas s’épuiser, en souplesse et en veillant à garder sa concentration. Comme lors de la manche de la veille, je remarque que je repasse dans la seconde demi-heure, nombre de motos qui m’ont passé au début. En 2.09 , je suis plus vite qu’aux qualifications de la veille. Le métier rentre…
A 15 minutes de la fin du relais, gros crash juste devant moi à Adelaide. Deux japonaises s’accrochent au freinage et partent valdinguer dans le gravier. Il y a de l’huile, de l’essence et des débris sur 100 mètres de piste.

   

Les deux pace car rentrent  en piste, tous gyrophares allumés, séparés par un demi-tour de circuit. A la queue le leu derrière,  au ralenti nous alignons les tours pendant que les commissaires nettoient la piste, cinq ou six tours se passent puis les voitures s’effacent et ça repart. Michel me passe le panneau « box -2 ». C’est à ce moment que la biellette de frein arrière s’éprend de liberté. La pédale de frein pendouille et frotte dans tous les virages à gauche. Je vais finir par me faire éjecter par ce truc comme par une béquille latérale oubliée. Allez, on rentre à la maison un tour plus tôt que prévu. Arrivée au stand, moto dans le box, décidément nous n’arriverons pas à faire un ravitaillement normal...
Le clip verrouillant la biellette a sauté, vraisemblablement accroché par la botte.  Yves trouve rapidement un boulon de 6, refixe la biellette. Et c’est à ce moment que Jeannot annonce :  « Stop, il y a un problème, la moto est couverte d’huile ! »
Vite on enlève le réservoir, et immédiatement, apparaît le trou béant dans le boitier de culbuteurs. C’est un des quatre bouchons de visite qui s’est dévissé. Heureusement, Yves en a un de rechange, mais le moteur est brulant et l’accessibilité délicate. Il faut démonter la patte de fixation de la culasse, les mécanos se brulent les doigts, vite, vite, les minutes défilent. En plus, le commissaire commence à s’intéresser de très  près à cette moto couverte d’huile, la mise hors course n’est pas loin…
Hop, hop, on remonte tout, plein d’essence et Marco repart le couteau entre les dents. On est 32éme. En 45 mn, il va assurer un relais de folie, alignant les tours en 2.06 , en baston avec les Honda Bol d’Or de 120 chevaux. Il avouera même avoir fait une sévère excursion hors piste, à fond de trois dans la courbe à gauche après les stands. Cardiaques s’abstenir…
Heureusement que personne ne l’a vu.


Et c’est l’arrivée, il est remonté en 24 éme position. Explosion de joie dans le stand, on est allés au bout !
On lui passe un drapeau anglais après la ligne d’arrivée et il fait un tour d’honneur, comme s’il venait de gagner la finale du championnat du monde de Moto GP, sous les applaudissements. Quelle fierté ! John doit avoir le sourire.

Ensuite, c’est la mise au parc fermé des motos, le déclassement de deux motos Guzzi espagnoles sur réclamation d’un autre concurrent, la lamentable pantalonnade de la cérémonie de remise des prix, qui manque tourner au pugilat entre ceux qui ont triché un peu et ceux qui ont triché beaucoup…Nous passons de la 24éme à la 22 ème place, mais quelle importance ?
L’essentiel, ce qui reste, c’est l’esprit qui a régné dans l’équipe et l’amitié qui soude les hommes autour d’une passion commune.  Et une histoire. Celle d’une Triumph au BOC2010.

Thibaut

La liste des engagés :

2 TEAM HAMPE / CLUB 14 / AXA COLLECTION HAQUIN Christian F HAMPE Gilles F KAWASAKI PERFORMANCE 1980 1150
3 MOTO BEL' CHARLES ARTIGUES Christophe F SLEURS Laurent F MOTO GUZZI Le Mans III 1980 1050
4 PHASE ONE ENDURANCE LINDEN Peter Suède BRASHER Hugh GB KAWASAKI Z 1000 1978 984
5 GOOD OLD BIKES HUBIN Richard F CHAVANES Patrick F YAMAHA OW 31 BOL D'OR 1978 1978 750
6 VAN DIJK LAVERDA RACING VAN DER MARK Henk NL BRAD Dirk NL LAVERDA 1000 CORSA 1974 1000
7 CENTAURE CLUB DE NICE PAUSELLI Jean Pierre F MARTIN Christian F KAWASAKI Z 1000 1980 1000
8 JOHN BIGGS RACING SIEBERT Thibaut F LEJEUNE Marc F TRIUMPH T 160 NORTH 1974 850
9 YELLOW PERIL NORTON TEAM ROLLAND PIEGUE Gérard F INNOCENTI Franck F NORTON Commando 1969 897
11 AML RACING WEBER Richard F D'IMBLEVAL Pierre F KAWASAKI 1980 1100
12 ECURIE CHARLIE BIDARD Fabrice F BESNARD Gilles F HONDA 900 BOL D OR 1979 900
13 MCA RACING CHATAIGNER Didier F RODIER Dominique F HONDA CB 750 1970 750
14 FAR EST TEAM RIEGER Thierry F PFISTER Vincent F SUZUKI GSX 1980 1074
16 ECURIE MOTO REVUE CLASSIC GOLD Bertrand F GAIME Christophe F HONDA RCB REPLICA 1980 1000
17 BERRY RACE TEAM BLAIN Joel F SOULAT Joel F KAWASAKI Z 1000 1977 1000
18 TEAM GMP 18 RENE Guillaume F SENECHAL Nicolas F SUZUKI GSX 1980 1100
19 QUICK ET FLUPKE RACING TEAM SIMEON Michel Belge DORSIMONT Bernard Belgique MARTIN KAWASAKI 1980 1100
20 TEAM GUZZI MOTOBOX 20 MARTINEZ ALONSO Alberto Espagne DELGADO LARREA Javier Espagne MOTO GUZZI LE MANS 1980 1050
21 TEAM LE ROY RACING CRINCE LE ROY Frank NL VOGEL Bart NL LAVERDA SFC 1974 850
22 GOLDWING CLASSIC RACING TEAM 22 CAIROLI Gilles F HOUILLE AUDEBERT Patricia F HONDA BOL D OR - RCB 1980 1062
23 DARVILL RACING FIRMIN Chris GB WITTEY Robert Adrian GB SPONDON HONDA Darvill Endurance 1979 998
24 3 T RACING TEAM VAUTIER Yannick F DE BEULE Sébastien F KAWASAKI 1000 Z 1978 1200
25 WURTH ENDURANCE & CLASSIC TEAM CATRAIN Francisco Espagne URMENETA Javier Espagne BMW R 100 RS 1978 1040
26 BIMOTA ENDURANCE TEAM KREUZ Alexander Allemagne MALTERRE David F BIMOTA KB1 1980
28 TEAM LAMY FRERES LAMY Jean Michel F LAMY James F HONDA RCB 1000 1979 1140
29 FTR CLASSIC MOTORSPORTS VAN MEURS José Mrs NL DEN TIETER Rob NL TRIUMPH ROB NORTH TRIDENT 1971
31 OLDFIELD RACING WADE Graham GB GENIN Eric F PM GS 1000 1979 1000
33 MEGABIKES EVOLUTION BETOUZET Jean Marc F MAZALOUBEAUX Pierre F HONDA 1979 1100
36 BACHELET ASSURANCES BACHELET Franck F FORAY Jean F HONDA RS 1980 1060
38 RADICAL TEAM MIGNOT Franck F VAVASSORI Carlo F DUCATI MHR 1980 900
41 TEAM MAR 1 FABULET Raymond F SERIN Jean Pierre F MARTIN KAWASAKI 1979 1000
44 TEAM MPC MECANIC CLASSIC DURY Jean Philippe F DUMAIN David F HONDA RCB REPLICA 1979 1123
47 JML MOTO SPORT 47 GUYOT Jean François F BOIDAR Philippe F HONDA RCB 1979 1123
48 JML MOTO SPORT 48 MISEROTTI Jean Michel F SEGUET Marc F KAWASAKI PROTO SIDEMM 1979 1135
51 POP.Y SPIRIT POPEAUX François F LEGRAND Jean Yves F PEM KAWASAKI 1979 998
53 ALAIN CORTOT RACING CORTOT Alain F GOUIN André F KAWASAKI HARRIS 1972 1000
55 GOLDWING CLASSIC RACING TEAM 55 RAPEE Jacques F ADES Didier F DONCQUE - HONDA DLF - GL 1976 1000
56 BFP RACING MOSBEUX Philippe F PERCHERON Frédéric F KAWASAKI 1000 J 1980 1135
57 ECURIE MANX RACING CLUB GEHIN Pascal F RUBIS Patrice F MOTO GUZZI LE MANS 1 1976 920
58 ISATMOT - AVM 58 LABUSSIERE Emmanuel F HERNANDEZ Pedro F BMW R80/7 1979 1000
59 GG TEAM ASIER Ajuria Espagne JUAN JOSE Soldevila Espagne MOTO GUZZI Jotake 1978 1000
63 TEAM PIERROT DENIS DENIS Pierre Eric F DENIS Franck F KAWASAKI Z 1000 1980 1170
65 ACR - ENDURANCE - KAWASAKI FOHNE Bernd Allemagne WOBKER Ralf Allemagne RAU - KAWASAKI Z 1000 1978 1000
66 TZ CLUB DE France - XL EXECUTION GEY Daniel F GEY Jean Luc F SUZUKI GS 1000 1978 997
69 D D MOTO TEAM JOHNER Patrick F COCHE Frédéric F HONDA CB 900 BOL D OR 1980 1062
72 LAVERGNAC 2 PM MILLE Christian F MARCILLAN Philippe F LAVERDA SFC 1972 880
81 DP RACING DANNEMARK Paul F CARPELS Franck F HARRIS MK II 1978 1000
88 DUCATI Luxembourg VIAL Alain F GUILET Joel F DUCATI 900 BOL D'OR 1979 900
89 MCA RACING LOPES Julio F TRACCAN Thierry F SUZUKI GSX 1100 1980 1100
90 MOTO 90 - EISEN EISEN Thierry F EISEN Vincent F KAWASAKI PERFORMANCE 1980 1135
94 BALOO RACING TEAM RIALLAND Hervé F RAVISCIONI Lionel F YAMAHA XS 1100 1979 1196
95 DUDU TEAM DUMONT Christophe F DUVERNAY Jean Marc F HONDA RCB 1980 1060
98 LES FRERES GAZ PATURE Stéphane F PATURE Emmanuel F BAKKER SUZUKI GS 1979 1000
99 TEAM GUZZI MOTOBOX 99 SEGARRA BARRENO Manel Espagne SEGARRA CAPERA Manel Espagne MOTO GUZZI LE MANS 1980 1050
100 TEAM LAVERGNAC 1 COLLONGE Max F COLLONGE Frédéric F LAVERDA SPACE FRAME 1975 1179
111 GERMAN CLASSIC ENDURANCE TEAM KAISER Manfred Allemagne GANTER Christian Allemagne NICO BAKKER RSC 1000 1980 1000
122 TEAM XZ RACING GYSBRECHTS Luc Belge SMITH HALVORSEN Mark UK HONDA CB 1000 R/B 1980 1000
144 TEAM TAURUS SARDI Samuele Italie ZACCARELLI Oreste Italie MOTO GUZZI 850 T3 1975 1105
Moto Modèle Année Cyl.
8ème BOL D'OR CLASSIC - LISTE DES ENGAGES
Au 25 Février 2010
N. Course Nom de l'écurie Pilote BLEU Nat Pilote BLANC Nat

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