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La longue et savoureuse histoire
de
RUDGE-WHITWORTH
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La révolution industrielle:
L'empire colonial. La spécialisation industrielle et la
puissance financière.
Une société commerciale et industrielle dont
l'idéologie est technicienne et rationaliste.
Le dépôt de brevets a deux fonctions:
protéger les inventeurs, informer les innovateurs.
.1
Les précurseurs: ils
ont tout inventé, il ne leur manque que le bruit d'un moteur.
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Daniel
Rudge (1841-1880) fonde à Wolverhampton la Rudge
cycle Co. en 1868. Eternel insatisfait des standards techniques de
l'époque, il dépose de nombreux brevets dont le
n°520, le fameux roulement ajustable toujours
utilisé de nos jours. Les vélos Rudge sont
tellement supérieurs qu'on les oblige souvent à
prendre le départ des courses avec 20 ou 30 yards de
handicap. Cette publicité fait évidemment
s'envoler les ventes.
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A la fois patron, ingénieur et
coureur, il meurt prématurément en 1880, laissant
à son épouse Mary Ann une entreprise
extrêmement saine.
George
Woodcock de Coventry (1936-1891), homme d'affaire
génial, est propriétaire de Haynes &
Jefferis et Tangent Tricycle Co., il achète à
Mary Rudge la Rudge Cycle Co. et tous ses brevets en 1880, et fonde une
nouvelle société regroupant ses
activités, la D.Rudge & Co. Ltd.
George Woodcock est le premier en Angleterre à amener la
fabrication de vélos au niveau d'une production de masse.
Sous ses ordres, Harry Lawson
brevète en 1879 sous le n°3934, la "bicyclette",
à roue arrière motrice commandée par
chaine et aussi un cadre avec colonne de direction inclinée,
naturellement stable. Une invention lourde de conséquences
sur l'avenir de tout ce qui roule sur deux roues.
A la même époque, Lawson brevète sa
première moto propulsée par "gaz
comprimé" d'après les spécifications
du brevet, n°3913 de 1880, mais sans suite immédiate.
En plus des compétitions, la D.Rudge & Co participe
à toute sorte d'évènements
publicitaires avec des prestataires comme Bob
Walker Smith, Selwin F.
Edge ou Frank Cooper, des noms qui deviendront
célèbres dans les milieux du vélo, de
la moto, ou de l'automobile.
Très surmené, George Woodcock casse sa pipe
prématurément aussi en 1891 à
l'âge de 54 ans.
Cette même année 1891 est l'année de la
création de la Whitworth cycle Co. par Charles
Henry Pugh.
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Sir Joseph Whitworth (1803-1887), brillant
ingénieur de l'époque victorienne, ne s'investit
jamais dans les grands développements de
l'époque, mais il invente les machines outils, les
composants, et surtout les méthodes sans lesquelles ces
développements auraient été
impossibles. Par exemple la division décimale du pouce qui
permet de passer la précision de 1/60e à
1/2.000.000e de pouce. Egalement la méthode permettant
d'obtenir une vraie surface plane par rodage de trois surfaces l'une
sur l'autre. Sa contribution reste aussi importante aujourd'hui qu'elle
l'était de son vivant. Il établit les bases de la
standardisation et de la production de masse. Il crée
Whitworth Works à Manchester, probablement le premier
complexe spécialisé dans les outillages et les
pièces mécaniques de précision.
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Whitworth works en 1866
Charles
Henry Pugh (1840-1901), un fabricant de composants
mécaniques, y fonde la Whitworth cycle co. en 1891 avec ses
fils Charles Vernon Pugh comme directeur commercial et John
Vernon Pugh comme directeur de fabrication. Très
éclectique, il possède les marques Senspray et
Atlas Chain Co (Atco), une
marque d'outillages qui se spécialisera ensuite dans les
tondeuses à gazon haut de gamme.
La même année 1891, le jeune Harry
Rudge, fils de Dan Rudge, s'associe avec Charles Arthur Wedge
pour fabriquer les vélos Rudge-Wedge.
Charles Henry Pugh achète la D.Rudge & Co. de George Woodcock
en 1894.
Il crée la Rudge-Whitworth Ltd.
et l'installe à Coventry.
En 1898 Rudge-Whitworth produit 27000 vélos. Ce chiffre
augmentera à partir de 1900 pour atteindre 50000 en 1905 et
75000 en 1906, ça pédale sec!
Comme quelques sociétés de pointe,
Rudge-Whitworth s'intéresse naturellement à la
motorisation.
En 1900 la compagnie devient distributeur exclusif en Afrique du sud
des motocyclettes Werner françaises. Un test
signé Charles Vernon Pugh. Mais une brouille avec les
frères Werner pour des raisons commerciales, met fin
à l'expérience.
En 1902, Rudge-Whitworth crée un laboratoire d'essais de
matériaux et de test pour les parties cycles.
Pendant ce temps, la Rudge-Wedge a
prospéré et décide en 1903 de produire
sa première motocyclette, présentée
l'année suivante.
Elle est animée par un moteur Minerva et possède
un cadre en deux parties pour isoler le moteur et réunies
par des ressorts non amortis, solution pas très heureuse:
nausées et sueurs garanties!
En 1904 le marché du cycle entre dans une nouvelle
dépression et la Rudge-Wedge, en grande
difficulté, est enfin rachetée par
Rudge-Whitworth.
En 1905 Rudge-Whitworth brevète
(six brevets de 1905 à 1910) une roue fixée par
un écrou unique, rapidement démontable. Cette
intéressante particularité la rend rapidement
célèbre dans le monde entier et des
sociétés se créent pour en reprendre
la fabrication. La plus célèbre est sans doute
celle de Carlo
Borrani qui fonde en 1922 la Rudge Whitworth Milano. En 1924
un jeune coureur, Enzo Ferrari, gagne la coupe Acerbo à
Pescara au volant de son Alfa équipée de roues
Rudge. Il créera de 1932 à 1934 une
écurie de course équipée de motos
Rudge-Whitworth. Il deviendra par la suite le
plus célèbre client de Borrani. C'est
une autre histoire mais qui mérite une vitrine à
elle seule, car au cours du XXe siècle absolument toutes les
marques d'autos dignes de ce nom, de tous les pays, ont eu dans leur
catalogue les roues Rudge, au moins en option!
Après 1906 la production de
Rudge-Whitworth continue d'augmenter rapidement au delà de
75000 unités par an, la gamme comprend 75
modèles, tous couverts par une garantie de 10 ans!
En 1908 Rudge-Whitworth innove encore: l'imprimerie maison
édite "the Rudge record", journal de liaison entre les
employés et tout ce qu'il se passe dans l'entreprise.
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L'impressionnante foule des
employés à Rudge-Withworth works, en 1908
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.2 La motorisation
En 1908 John Vernon Pugh prépare
une moto 100% Rudge, en innovant bien sur selon l'habitude "maison".
Tous les moteurs du marché sont à cette
époque à soupapes latérales. On sait
faire des moteurs culbutés bien sur, mais les aciers
utilisés sont médiocres et les bris de soupapes
sont fréquents avec les conséquences
désastreuses qu'on connait sur un moteur culbuté.
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L'astuce de Rudge est de
conserver la soupape d'échappement latérale, et
de placer une soupape d'admission culbutée directement au
dessus en opposition avec celle ci, donc déportée
par rapport à la chambre. Ainsi en cas de bris de soupape il
ne se passe rien, le moteur cesse simplement de fonctionner comme avec
des soupapes latérales. Bien mieux, ainsi placée
la soupape d'admission permet de refroidir idéalement la
soupape d'échappement!
Ce premier moteur Rudge est un 3 1/2 hp (500 cc), ce qui est
à l'époque la plus grosse cylindrée
pour une moto de route monocylindre.
Il possède une culasse détachable contrairement
aux habitudes de l'époque, un piston en fonte d'acier, et un
carburateur Brown & Barlow spécialement fait pour
Rudge.
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En 1910, pas moins de quatre
générations de motos de
pré-série sont testées avec des
solutions différentes.
La même année, Rudge-Whitworth dessine un nouvel
embrayage multi-disques combiné avec une poulie ajustable
(brevet 26634/1910).
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A la fin de 1910 Rudge-Whitworth présente au public deux
versions, la première à transmission directe au
prix de 48,15 livres, la seconde avec moteur libre de sport
équipée du nouvel embrayage, au prix de 55
livres. Sur les deux modèles on peut faire varier la
transmission de 4:1 à 6:1 grâce à la
poulie ajustable. Les guidons des Rudge-Whitworth sont noirs, vous avez
quelque chose contre?
La production commence en 1911 et dès le mois de janvier les
"sporting Rudge" remportent des succès dans toutes les
disciplines sur circuit et sur route. Des modèles TT sont
développés. C'est le début d'une
très longue liste de victoires et de records.
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Pendant 1911 le système Multigear
est développé (brevets 14663/1911 à
22400/1911).Il est composé de l'embrayage standard en bout
de vilebrequin mais la poulie moteur extensible est maintenant
synchronisée avec une seconde sur la roue
arrière, celle ci réagissant à
l'inverse de la poulie moteur. L'intérêt est de
garder la courroie toujours parfaitement tendue et alignée,
ce qui n'était pas le cas avant et limitait la
capacité du premier système à varier
la démultiplication. Le nouveau système donne une
variation continue du rapport, de 7,0:1 jusqu'à 3,5:1 avec
la roue standard. Pour accommoder ce système un nouveau
frein sur poulie est fabriqué (jusque là sur la
jante).
En janvier 1912 une grande publicité est faite au
système Multigear, qui peut être obtenu en
addition à l'embrayage standard pour la somme de 5 livres.
Le modèle TT est annoncé comme "un
modèle dépouillé pour Brooklands,
livré prêt à courir avec les plaques de
numéros prêtes à peindre", le tout pour
47,15 livres.
Insatisfaite des carburateurs du marché, la Rudge-Whitworth
développe le carburateur Senspay qui devient dès
lors la monte standard des rudge.
Dès le mois de mai 1912, la 499 cc Rudge Multi est
représentée comme le modèle phare de
la gamme, les modèles à prise directe
étant présentés comme une alternative
sur commande spéciale uniquement. Les modèles TT
et Brooklands sont maintenant bien différents, la Brooklands
est dépouillée à l'extrême,
sans garde-boues, avec un carburateur Senspray et un
échappement libre.
Les side cars sont devenus populaires pour le tourisme moto, et John
Pugh réalise que ça peut être un
marché lucratif. Mais le 3 1/2 hp Rudge-Whitworth est
défavorisé face aux twins 8 hp du moment. La
transmission Rudge est parfaite pour le side-car mais risque de ne pas
encaisser un doublement de la puissance moteur. John Pugh trouve une
alternative dans un monocylindre redessiné avec une
cylindrée de 749 cc basé sur le dessin du 3 1/2
hp.
Vers 1912 une nouvelle folie entre en vogue:
le cyclecar. Aïe! Un certain nombre de firmes
développent fébrilement ces véhicules
peux coûteux et Harry Morgan construit depuis deux ans son
runabout à moteur JAP V-twin. Rudge-Whitworth investit
déjà dans la production de roues
détachables, de roulements, de carburateurs, de
vélos, de motos, de side-cars, et elle est partante pour une
nouvelle aventure. Pendant l'été 1912, John
Vernon Pugh et Frank Pountney développent un cyclecar
à quatre roues qui utilise le 749 cc du side-car
placé entre les roues avant très
écartées, qui obligent à abattre une
partie de mur pour élargir la porte de l'atelier avant que
l'engin fasse ses premiers tours de roue. Cet engin biplace est
équipé d'une transmission type Rudge Multi, de
suspensions à lames et d'une direction à
crémaillère, il montre une étonnante
stabilité même à pleine vitesse. Un
autre version de 500 cc est construite début 1913, mais
aucune des deux n'entre finalement en production.
Pour 1913 un modèle "colonial"
très renforcé apparait.
Le side car est mis sur le marché
pour 16 livres avec éclairage en option, et la production
est lancée au rythme de 30 unités par semaine. La
caisse est formée de panneaux d'aluminium fixés
sur une armature, contrairement à la construction classique
de l'époque en toile d'avion. Le side-car est
testé et pour sa première course à
Brooklands, remporte les trois premières places. Accumulant
par la suite les succès dans toutes les disciplines, il
devient très demandé par les coureurs.
Le graissage est encore réalisé au moyen d'une
pompe actionnée à la main, qui obligeait le
conducteur à lâcher
régulièrement les commandes. John Pugh y
remédie en réalisant une pompe à pied
et en plaçant la réserve d'huile sous la selle.
En course la Rudge n'est pas heureuse au TT de l'ile de Man, mais
compense largement par des succès partout en Europe, ainsi
qu'en Russie et en Afrique du sud.
14 - 18
Début 1914 Rudge-Whitworth construit un prototype 275 cc et
teste une distribution à soupapes en tête mais
revient au semi-culbuté classique.
Malencontreusement le 28 juin 1914
l'archiduc Franz Ferdinand d'Autriche et sa femme sont
assassinés, on est partis pour cinq années de
guerre toutes affaires cessantes!
En 1915 Rudge propose la 499 cc et la 749 cc avec une boite
Sturmey-Archer trois vitesses. Malheureusement les boites sont une
cause permanente de problèmes et c'est un échec
commercial.
Devant le succès du side car et l'accroissement du
marché, John Pugh décide de faire un gros twin.
Il essaie un vertical twin de 998 cc issu de l'assemblage de deux 499
cc de production dont les embiellages sont réunis par un
accouplement élastique, ce qui permet de déphaser
un moteur par rapport à l'autre, chacun ayant sa
magnéto et son carburateur. En fait une Rudge Multi avec un
deuxième moteur accouplé coté
distribution. C'est moche mais ça le fait! Un autre essai
est fait avec deux 749 cc. Le résultat est un prototype
Rudge-Multi 998 cc V-twin à 60°, avec les admissions
à l'intérieur du V et la distribution habituelle
IOE "Inlet Over Exhaust valve", qui est terminé en septembre
1914.
Pendant ces développements la production continue au rythme
de 600 machines par mois dont 150 749 cc, au moins la moitié
pour l'exportation. En octobre 1914, 400 Rudge-Multi sont fournies
à l'armée russe en trois semaines.
1914 est l'année de la victoire
de
Cyril Pullin
et de sa Rudge à cadre spécial au senior TT,
juste cinq semaines avant le début de la guerre.
En 1915, la 998 cc V-twin est au catalogue, au choix soit en version
Multwin avec le multigear, soit avec une boite quatre vitesses faite
par John Jardine avec transmission primaire par chaine et secondaire
toujours par courroie. Sont aussi proposés les quatre
modèles 499 cc et un side-car. Malgré les
problèmes de boites de vitesse dus probablement à
l'embrayage en bout de vilebrequin, le choix d'une boite est valable
car le système multi a du mal à encaisser la
puissance et le couple du gros V-twin.
La guerre fait rage et la mobilisation des troupes fait
complètement chuter les ventes de motos civiles.
Même les pilotes de l'équipe Rudge sont partis se
battre. Rudge-Whitworth fournit encore 400 motos à
l'armée belge et espère des commandes de
l'armée anglaise, mais c'est Triumph qui rafle le
marché! John Pugh vend tout de même quelques motos
à la Royal Navy pour le personnel à terre.
A l'automne 1916 la production civile stoppe complètement
sur ordre ministériel.
En 1917,en dehors de quelques motos
militaires, Rudge-Whitworth fabrique des étuis à
munition en sous-traitance pour Woseley. Rudge-Wheel fournit des roues
en grande quantité pour tout le matériel roulant,
l'aviation, et même pour équiper certains
téléphériques. La fabrique de
roulements à billes travaille à plein rendement
et a du être agrandie. Rudge-Whitworth ne ressemble plus
beaucoup à ce qu'elle était avant 1914.
A la
fin des hostilités en novembre 1918, la priorité
est donnée au retour vers la production de motos civiles.
C'est urgent. La fabrique de roulements n'est pas
entièrement payée de son travail car une grosse
partie des roulements livrés et inutilisés lui
est retournée. Il faut trouver une source de revenus, et
vite, car avec le retour des troupes à la vie civile une
explosion des ventes est attendue. Beaucoup de soldats ont appris
à conduire une moto pendant le service.
Victor Holroyd, nouveau directeur général fait
face à des problèmes de personnel: de nombreux
employés ont été tués au
combat et il n'est pas facile de retrouver des ouvriers
qualifiés. S'ajoute que les magnétos
utilisées avant la guerre ne sont plus disponibles, il faut
trouver temporairement une autre source aux Etats Unis. La production
n'est plus que de deux ou trois machines par jour début
1919. Seule la 499 Multi est produite, en standard ou TT. Vers le
milieu de l'année la 749 et le side car sont
réintroduits. Les motos sont identiques aux
modèles 1914 sauf la TT qui utilise le nouveau cadre
surbaissé dessiné par
Cyril Pullin.
Heureusement la production de vélos est tout de suite
revenue au niveau d'avant guerre et permet à la
société de tenir le coup
financièrement.
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En novembre 1919 un salon est organisé pour aider les
constructeurs de motos: l'Olympia show. Les ventes y sont bonnes, mais
la 499 cc est plutôt dépassée par ses
concurrentes à moteurs culbutés et transmission
entièrement par chaine. Il faut faire quelque chose.
George Hack, jeune ingénieur juste
démobilisé, rejoint le bureau d'études
Rudge-Whitworth.
En mars 1920 les exportations reprennent, la production atteint 20
machines par jour puis 30 par jour au mois de juin, un record. Les
ventes de vélos vont aussi très bien surtout
grâce aux vélos de course, très
populaires. La totalité des vainqueurs du championnat
anglais sont équipés de vélos
Rudge-Whitworth.
En 1919 John Pugh a décidé la construction d'un
moteur révolutionnaire en vue du record de vitesse moto,
dont les plans sont terminés en juillet 1920.
C'est un 4 cylindres en ligne de 1700 cc refroidi par air avec un arbre
à cames en tête, des cotes super
carrées d'alésage/course (85 x 75), des cylindres
ailetés, un carter boulonné de type automobile,
et des équipement très avancés comme
une pompe à huile entrainée par engrenage, des
paliers à demi coquilles et des pistons flottants.
Equipé d'une robuste transmission par chaine et boite de
vitesse, ce moteur se montre extrêmement puissant pour
l'époque: dans les premiers tests il déchire
complètement le pneu arrière.
Le problème avec ce moteur, c'est qu'il dépasse
nettement la cylindrée maximum de 1000 cc
autorisée par l'ACU et la FICM pour les courses et les
tentatives de records. Les deux organisations refusent de
créer une catégorie supérieure en
dépit des protestations virulentes de John Pugh qui ne voit
pas d'intérêt à cette limite de
cylindrée arbitraire. En représailles il bannit
officieusement toute participation de Rudge aux courses pendant deux
ans.
Ce moteur terminera tristement sa carrière des
années plus tard, lors du dernier noël que John
Pugh passera chez Rudge-Whitworth. Après avoir
porté quelques toasts et bu moult verres, John Pugh trouvera
ce moteur couvert de poussière dans les réserves,
et le balancera du premier étage de l'usine. C'est du moins
ce qu'on raconte.
Les problèmes de transmission à courroie survenus
dès 1915 sur la V-twin ne sont toujours pas
résolus et la boite Jardine n'est pas satisfaisante non
plus. John Pugh décide de construire sa propre boite
à trois vitesses. Il garde l'embrayage standard et adopte
une transmission entièrement par chaine. La poulie-frein
avec patin extérieur est conservée. Ceci permet
de simplifier considérablement la fabrication, et d'obtenir
pour la première fois des roues avant et arrières
interchangeables.
Cette
combinaison est testée avec succès en 1920 sur la
499 cc et sur la twin 998 cc. Fin octobre au salon, en plus de la gamme
Multi sont présentées les 499 cc, 749 cc, et 998
cc avec cet équipement, avec en option pour la
première fois aussi, un éclairage
électrique Lucas comme alternative à
l'acétylène.
En 1921 la production s'annonce bien. John
Pugh et George Hack travaillent sur une version 500 cc de la 998
V-twin. Ils améliorent la boite avec un kick starter, et
l'embrayage avec un amortisseur de transmission.
Pendant la période 1920 - 1922, l'offre de motos
dépasse la demande, beaucoup de petits constructeurs ont
fait leur apparition, la plupart disparaissent, et les grands comme
Rudge-Whitworth sont obligés de réduire leur
production et de tailler dans leurs marges. John Pugh revient sur sa
décision de ne pas courir et annonce pour le Manx TT 1922 un
team d'usine dans l'espoir de doper les ventes avec cette
publicité. C'est une débâcle, une seule
machine sur les dix engagées termine la course, à
la quatorzième place. Le team Rudge est dissout
après ce fiasco et Rudge ne retournera pas à
l'ile de Man avant longtemps. Comme suite, les ventes et la production
baissent encore plus jusqu'à un chiffre dramatique de sept
machines par jour.
Le cadre type Pullin est maintenant standard et il est difficile d'y
loger le 749 cc mono. Ce moteur est donc abandonné.
Une nouvelle boite à quatre vitesses est dessinée
et un prototype 499 cc ainsi équipé est
assemblé en janvier 1923.
Vu le manque de résultats en compétition depuis
deux ans (seuls des "privés" ont participé aux
courses, avec pas mal de succès il est vrai), Rudge axe
maintenant sa publicité sur des
célébrités et des acteurs utilisant
leurs Rudge-Whitworth, et ça marche.
Fin février 1923, les modèles 4 vitesses sont en
production et la boite 3 vitesses est virtuellement
abandonnée.
La surproduction des années
précédentes est difficile à
résorber malgré des prix revus à la
baisse. L'année 1923 est encore un désastre pour
la production. Si Rudge veut sortir de cette crise elle doit proposer
davantage. La clientèle a l'esprit sportif, or le vieux
moteur IOE n'est justement plus assez compétitif. John Pugh
pense à le redessiner avec un objectif de performance. En
1922 une des plus performantes machines en course était la
Triumph 499 quatre soupapes mono, dessinée par Sir Harry
Ricardo. John Pugh s'y intéresse de très
près. Un tel moteur dans l'excellente partie cycle Rudge
devrait bien se vendre.
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à gauche, le moteur Triumph 4
soupapes de Sir Harry Ricardo, à droite la culasse
Rudge-Whitworth.
Le premier prototype Rudge à 4
soupapes est construit en juillet 1923. Il est basé sur le
499 cc IOE traditionnel. La nouvelle distribution culbutée
à 4 soupapes a l'avantage de limiter les distorsions de la
culasse qui arrivent avec des soupapes de grand diamètre, le
passage de gaz plus grand permet une meilleure respiration, et le
faible poids des soupapes autorise un régime plus
élevé. Le moteur est 50% plus puissant que le
meilleur IOE de production. Avec de telles performances la partie cycle
montre ses limites, et pour épargner la dépense
d'une refonte totale, le moteur est redessiné en 350 CC en
septembre 1923. Des améliorations sont apportées
à la partie cycle, qui débouchent en octobre 1923
sur un cadre entièrement nouveau qui sera
conservé jusqu'en 1939.
Tout l'effort de Rudge est concentré sur la 350, si bien
qu'à l'Olympia Motorcycle Show de fin d'année,
les deux prototypes 499 cc quatre soupapes sont toujours dans leur
version initiale.
La toute dernière Multi est assemblée le 31
octobre 1923. La marque italienne Moto Borgo continuera à
produire la Multi sous son propre nom "Borgo Cambio Graduale" au long
de 1924.
La dernière V-twin est construite le 2 novembre 1923.
L'usine est ré-outillée pour la nouvelle
production, qui redémarre au nouvel an 1924 au rythme de 35
machines par jour.
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Durant 1924 un train d'améliorations est
élaboré en vue de la production 1925: Nouveau 500
cc avec une distribution revue par rapport au 350, nouvelle boite
à 4 vitesses, nouveaux garde-boues, des marchepieds, et
surtout des freins avant et arrières actionnés
par une seule pédale. Ces changements s'avèrent
payants puisque la production 1924 atteint le double de ce qui
était escompté.
Fin de la
première partie.
Par Bertrand
Sources et documents connexes,
génuflexes, et circonflexes:
Brevet
roue détachable
Brevet
poulie-embrayage variable
Brevet
culasse 4 soupapes
Brevet
frein intégral
http://www.gracesguide.co.uk/Rudge-Whitworth
http://www.cartage.org.lb/en/themes/Biographies/MainBiographies/W/Whitworth/1.html
http://www.modelfoxbrianza.it/MotoScuderia.htm
http://www.google.com/patents?q=%22j+v+pugh%22
http://patent.ipexl.com/assignee/John_Vernon_Pugh_1.html
Ma source principale, le bouquin de Peter
Hartley "Story of Rudge motorcycles". Merci à Laurent
"Zesingle" de me l'avoir prêté un
certain temps!
Quelques manuels :
Le Manuel Rudge-Whitworth 1910-1924
Le Manuel Senspray 1910-1920
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