Restauration T120, modèle 1971 PatrickUn homme seul
ne peut rien, il lui faut l'appui de ses
semblables pour arriver là où il doit aller.
(un titre pareil… ce n’est pas
de moi
… J ) Pour
le plaisir de toujours découvrir à nouveau un
twin ou
bien un autre mono 4 temps, j’ai passé plus de
20 ans à acheter et à
revendre mes motos une à une. A présent
j’avais la place et un peu plus les
moyens de refaire tranquillement une moto en conservant mon dernier
Sportster
de 1996. Je cherchais donc par nostalgie
à retaper un 500 XT pour
commencer une réfection complète… et
j’ai trouvé par hasard une Bonneville T120
de 1971 en caisse. Le challenge risquait d’être dur
à relever mais l’occasion
d’acquérir ce type de moto à un tel
prix-là ne court pas les rues. J’aurai
ensuite tout mon temps pour la remonter avec un coût
réel étalé sur la durée. La
décision fut prise rapidement et je me jetais dans le
vide ! En effet je
n’avais jamais possédé ce
type de moto auparavant et surtout je n’avais pas
démonté celle-ci moi-même…
Elle
est donc arrivée un soir … et ma femme
m’a demandé si je savais ce que je
faisais ? J
Je commençais donc
par un inventaire du puzzle géant en
tentant de déterminer les pièces manquantes. Je
passais le week end entier à
regarder les vidéos de Lunmad Triumph Rebuilt sur
Youtube… et à compulser le
manuel Haynes. Ou sont les clefs de
contact ? C’est quoi ce truc
(Diode Zener) ? Qu’est devenu le circuit
électrique ? Un grand moment de
solitude… L … Blanche
Neige avait déjà eu au moins sept
propriétaires recensés officiellement et
les trois derniers à ma connaissance avaient vendu la moto
au suivant sans
jamais commencer son remontage. L’état des
pièces après tant d’années
en caisse
n’était pas vraiment folichon… Il me
fallait d’abord un support moteur qu’un
copain me fabriqua et surtout trouver des ressources humaines pour
m’aider et
me conseiller. C’est ainsi, grâce à
l’achat de pièces manquantes et de la
revente de pièces en trop de ce puzzle sur le
MAC que je rencontrais Eric et Pierre. Par chance ces deux
personnes
habitaient chacune dans ma région. Sans elles
j’aurais mis beaucoup plus de
temps pour redémarrer seul ma machine. Il faut donc (si
possible) savoir
s’entourer de personnes réelles et de bonne
volonté J quand on
s’attaque directement
à ce type de réfection. Je n’aurais pas
pu tout faire moi-même pour un premier
projet aussi complexe et ambitieux.
Oxydation blues… au
coucher du soleil… en trois tableaux. J’attaquais donc avec
leur aide et leurs conseils la remise
en état en commençant par changer tous les
roulements, coussinets et autres
pièces d’usure en frottement du bas moteur.
Changement et nettoyage du système
d’épuration sur l’embiellage.
Remplacement d’une des deux bielles qui se
révéla
HS après son contrôle en métrologie. Le
corps et le chapeau ne semblaient pas
avoir été usinés ensemble…
décalage complet des axes. Peinture et
déglaçage des cylindres… Achat de la pochette de joints
complète pour ce modèle… Et recherche constante de
toutes les petites pièces à droite
et à gauche manquantes… Quelques questions sur le Forum
du MAC… au fur et
à mesure du chantier. La lecture quotidienne du Forum
en elle-même apporte déjà
beaucoup grâce aux questions des Macqueurs
et aux réponses de ceux qui acceptent majoritairement
d’y répondre avec bonne
humeur. Finalement c’est une
bonne leçon de mécanique constante sur
ces mécaniques Anglaises. Je me demande parfois comment
on faisait autrefois sans internet ?
Certes les mécanos de l’époque
connaissaient ces machines… mais on mettait
beaucoup plus de temps pour tout je pense. Allait-on en Angleterre pour
acheter des pièces… en
bateau ? J La mesure des pièces
cotées sur le Haynes a permis un ré appairage
optimum tout en me faisant prendre conscience des jeux
mécaniques de l’époque
sur ce type de moteur. J’ai en effet la
possibilité par mon activité
professionnelle de pouvoir facilement mesurer des pièces
mécaniques.
Et ainsi de n’acheter
ensuite que les pièces réellement
nécessaires. Philippe de HP Racing
m’a beaucoup aidé à ce
moment-là en ne
forçant pas les ventes et en calmant mes phobies
d’un moteur parfait… J’ai donc
gardé les bagues et les arbres à came qui
étaient
satisfaisants au niveau des côtes et de bonne
qualité car d’époque. J’ai aussi appris
à attendre avec philosophie J
l’arrivée de pièces
pas toujours faciles à trouver comme une bielle Harris ou
bien un Came Plate 4
vitesses. J’avais en effet
décidé de simplifier au maximum cette
machine en passant la boite Quaife 5 vitesses
incomplète… et difficile à
trouver au détail, en boite 4 classique. Une
opportunité sur une bourse me
permis de changer la culasse d’origine contre une culasse
mono carbu refaite à
neuf. Je pensais ainsi la rendre plus
fiable et moins complexe à
régler au quotidien. Nota : une culasse
mise en vente sur le MAC ne reste
que quelques heures… et
permet de nombreuses rencontres téléphoniques (je
suis bavard J mais je ne suis pas le
seul…). Achat d’un carbu Amal
neuf pour aller avec un allumage électronique
et terminer ainsi la simplification et la fiabilisation de la machine
côté
motorisation. En parallèle la
partie cycle fut complètement
démontée,
dégraissée et préparée pour
un sablage et un thermo laquage noir
satiné. Changement des roulements de
direction en même temps. Le bras oscillant avait
déjà des graisseurs d’origine. Rajout d’une
cartouche d’huile sur le circuit d’origine de
cet Oil In Frame. Je ne voulais pas que cette
machine ne brille trop comme une
reconstruction zéro défaut. J’ai donc
dépoli légèrement toutes les
pièces neuves
chromées qui brillaient de mille feux et juraient avec le
reste de la machine
qui a presque 50 ans… J’ai passé
un vernis mat sur les pièces oxydées comme les
gardes boue et les jantes après nettoyage. Le résultat me
semble cohérent et devrait me permettre
d’utiliser la machine sans trop tenir compte de la
météo. Le plus important
d’après moi étant d’avoir en
priorité un
moteur sain, un circuit électrique neuf et une partie cycle
propre. Le look viendrait ensuite. Amen… J’en profitais pour
diminuer de moitié l’épaisseur de la
selle qui me paraissait sur dimensionnée. Elle me rappelait
l’épaisseur des matelas des lits chez ma
grand-mère… réfection
également de la plaque de base de cette selle, mais je
conservais la housse d’époque pour
l’instant en raccourcissant sa jupe pour
l’été...
Dernière
volée d’achats à ce stade, tous les
composants
nécessaires à la fabrication d’un
circuit électrique neuf. Phare neuf, klaxon,
clignotants, contacteur avec ses deux clefs, feux
arrière… pour aller avec. C’est
Eric qui s’en est chargé et il m’a
confectionné méthodiquement un circuit ou
toutes les fiches sont dé connectables. Le moteur a
été remonté patiemment grâce
à tout son
outillage dédié, clés dynamo, stombo,
ses comparateurs pour le calage de la
distribution... là les vidéos et les
schémas ne pouvaient pas complètement remplacer
ses connaissances acquises depuis de longues années. A moi de démonter et
de remonter tout seul le puzzle la
prochaine fois suite à cette leçon de
mécanique Anglaise. La culasse étant une
culasse de TR6 à présent, il a fallu
changer les coudes d’échappement de la culasse
précédente pour des Push In
fournis par Pierre. Malheureusement à
l’époque j’ai occulté le fait
que les
caches culbuteurs eux aussi étaient différents au
niveau des plans de joints
avec ceux d’une TR6, je pensais que la pâte
à joint suffirait, à suivre… On passe enfin au remontage
complet de l’ensemble des autres
pièces de la partie cycle. Elle ressemble enfin à
une moto sous les yeux éberlués
de sa jeune cousine d’Hinckley! Mais damned le
réservoir suinte au niveau du puit central
d’assemblage ! (Danger, feux à
bord… L) Après plusieurs
essais de soudure chez un professionnel je
trouve entre temps un petit réservoir type US en super
état grâce à Gaetan le
Krüel J. Je revends donc le
réservoir d’origine enfin
réparé et je
monte le beau réservoir Houndien… Elle craque au premier coup de
kick ! Et je n’ose pas
l’essayer… j’ai peur L
de tout casser. Premiers essais sur la route
(le Dimanche) ou je découvre
beaucoup de choses : Le premier rond-point avec les
vitesses à droite et le frein
avant fantôme… un grand moment ! Elle est en rodage et je
n’avance pas très vite mais elle
est très légère et très
joueuse, un vrai vélo. La quatrième finit
par sauter quand on reste trop longtemps
à un régime constant, l’embrayage cire
et les caches culbus suintent
(forcément). On est à
présent sur la vraie route et je n’ai ni compteur
ni rétroviseur. Je vais donc rapidos acheter un compteur et
un rétroviseur chez
le vélociste le plus proche. Les petits carters
latéraux d’origine étaient
complétés par
les deux filtres à air, il faudra acheter plus tard des
caches (qui existent)
pour combler ce vide. Pour l’instant ça tient avec
des colliers rilsans… Je m’amuse beaucoup
avec mais il va falloir régler cette
histoire de boite, d’embrayage et de caches culbus. Je fais
rapidement 500 Kms
avant la prochaine ouverture du moteur. Nous sommes enfin
passés après une bonne année
à un autre
stade que les premières photos du reportage… Je pars donc à la
chasse aux caches culbus de TR6, et aux
joints qui vont avec. Sur cette culasse le serrage
passe par les goujons qui
tiennent les caches culbus… il faut donc un nouveau jeu de
goujons spécifiques. Un embrayage neuf et des
ressorts de chez Harris pour corriger
le cirage chronique. Avant d’ouvrir la
boite il me faut trouver un ressort de
verrouillage de Came Plate neuf. A priori ce type de ressort ne se
fabrique
plus et ceux que je trouve sont déjà
très marqués. Mister Valdo J
m’oriente vers
quelqu’un qui a relancé une fabrication de ce type
de ressorts et j’en prends
deux vu que cette pièce se fait rare. Rare et
chère… contrairement à toutes les
pièces achetées
précédemment. A ce stade j’ai
doublé le prix d’achat mais je connais beaucoup
mieux à présent cette machine.
J’ai
vécu une belle aventure humaine au travers de toutes les
rencontres que j’ai
faites. Tout cela m’a demandé beaucoup
d’énergie mais quel luxe de s’occuper
l’esprit ainsi… J’ai enfin
trouvé toutes les pièces nécessaires
aux
retouches du moteur. Pierre m’a
avancé une paire de caches culbus J
en attendant que j’en
trouve une autre qui retournera ensuite dans son stock personnel. La
moto part
chez lui pour régler le problème de la boite de
vitesse… Et
là super damned ! On finit toujours par
payer ses
c........ ! Les caches culbus au look Nautilus ne passent pas
sous le
cadre OIF… il faudrait descendre le moteur à
chaque fois que l’on veut les
enlever L L L !
Impensable… Retour
à la case départ, Pierre
m’avance une culasse TR6 de 1971 pour me sortir de cette
panade avec les caches
culbus qui sont faits pour ce cadre. Les soupapes sont plus grandes que
celles
du modèle 1965, çà devrait avancer
plus fort me dit-il. Le moral repart grâce à
lui. Au passage on
remonte un carter de
boite de la bonne année avec le câble qui va bien. Et la liste des
pièces que l’on
m’avance s’allonge… je suis parti pour
faire les bourses de pièces pendant des
années… J ! Je revends la
culasse de 1965 sur
LBC en 24h00 ! Le hasard des rencontres toujours sur LBC me
permet d’en
retrouver une de 1971 dans la foulée qui Pierre
s’est occupé de la boite
qui sautait en quatrième en même temps. Montage du
ressort neuf de
positionnement et changement du came plate de 1965 contre un de 1971
qui
possède une seule encoche de point mort et qui est fait pour
fonctionner avec
ce ressort. Au passage on change le secteur denté
carié contre un autre plus
vaillant et le pignon de première lui part à la
benne. Montage des disques d’embrayage
et des ressorts neufs. On en profite pour échanger le reste
du primaire contre
des éléments en meilleur état en
attendant un primaire neuf ou kit
courroie plus tard (ça coûte des
brouzoufs tout cela). Les
pièces d’origine étaient
vraiment très fatiguées… Ça
y’est c’en est fini à ce stade.
Grace à Pierre l’assemblage
hétéroclite du départ est devenu un
ensemble
fonctionnel et cohérent dans cette dernière ligne
droite. J’aurai été incapable
de m’en sortir tout seul en aussi peu de temps. Il ne me
reste plus qu’à faire
à nouveau 500 Kms avant de resserrer la culasse. Premier
essai sur la route et
elle prend 140Km/h. Il faudrait presque monter un frein à
disque à
présent !!! Merci Eric,
merci Pierre et merci
à tous ceux qui ont répondu gentiment
à mes questions de néophyte sur le MAC …
et à tous ceux (et celle) qui
m’ont supporté durant cette aventure. Une
année et demie s’est donc
écoulée entre
la première et les dernières photos du reportage.
Je n’avais pas les moyens au
départ d’acheter une moto complète mais
le coût à ce jour s’en approche.
J’ai
ainsi étalé le budget pour arriver à
mes fins et j’ai surtout profité de
l’expérience et de l’aide de mes deux
camarades. Demain matin il
y’a une bourse à
Nantes, réveil à 6H00, faut pas se
relâcher ! J Un homme seul
ne peut rien, il lui faut l'appui de ses
semblables pour arriver là où il doit aller.
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