PHILIPPE a écrit :...tu sait que Graeme allright vit dans les Combrailles...
Non, je ne le savais pas... je l'imaginais dans une ferme retapée au fin fond de la Drôme ou de l'Ardèche... ou du Larzac.
Un grand bonhomme ! Il est vieux maintenant, il a 88 piges ! Il est né en 1926, l'année de naissance de mon paternel qui est parti bien plus jeune.
Quand j'étais môme, je devais avoir à peu près dix ans, la ville de Saint-Denis inaugurait la rénovation totale d'un de ses principaux centres de vacances en Touraine, à Fondettes. Un week-end avait été organisé sur place pour le personnel communal (ma mère bossait à la ville, justement au service des centres de vacances, les fameuses "colos").
Bref, on s'est retrouvé là-bas au début de l'été, pour un week-end. Greame Allwright était en tournée dans la région et la ville de Saint-Denis l'avait invité à se produire pour l'occasion. Une scène sommaire avait été installée et nous attendions assis dans l'herbe, sur la "prairie" devant le domaine. Il est arrivé avec son accompagnateur (une seconde guitare) dans une vieille 2CV 6 volts bien patinée, déjà un vieux clou à cette époque. Il était pieds nus (les pieds bien crades, je m'en souviens), vêtu d'un jean élimé, une vague chemise et une sorte de gilet afghan en peau de chèvre brodé, avec les poils et tout ! Mal rasé, les tifs en bataille, tout-à-fait la caricature du hippie, comme le cousin Nanard dans les premiers albums de la bande à Lucien de Margerin.
Lui et son compère ont pris le temps de boire un coup au milieu des gens, tranquillement, assis dans l'herbe... je le dévorais des yeux, je connaissais par cœur toutes ses chansons des deux disques de mon frelot et j'étais là, à quelques mètres de lui, pétrifié !
Ils sont montés sur leur petite scène, ajusté les micros et c'est parti ! Au bout d'un moment, j'ai demandé à ma grande-soeur (celle des disques de Le Forestier) si il allait chanter telle ou telle chanson que j'aimais particulièrement. Elle s'est marré et m'a dit
"vas-y, quand il aura fini celle-là, t'as qu'à aller lui demander". Et c'est ce que j'ai fait : à la fin d'une chanson, je me suis approché de la scène à la surprise de ma mère qui avait toujours peur qu'on dérange et me voyant venir à lui, Greame s'est penché vers moi, il avait deviné que j'allais lui demander une chanson. Je lui ai donc dit :
"s'il te plait, tu veux bien chanter la chanson de....?" (je ne me souviens plus du tout de celle que je lui ai demandé), mais il l'a chanté en me regardant tout le temps, comme si il la chantait rien que pour moi. Et moi je suis resté planté là, debout devant lui, ému à un point que vous pouvez imaginer. Si la lévitation existait, sûr que je n'aurais plus touché le sol !
C'est des moments qui comptent quand on est un p'tit bonhomme de dix ans !
Je ne l'ai jamais revu "en vrai", mais si j'ai la chance de le rencontrer avant qu'il ne s'éteigne, j'aimerais lui rappeler ce souvenir.