Les motos anglaises d'avant 1983

Malheureusement, c’est un problème que j’ai retrouvé sur des 276 neufs commandés récemment..

Je viens de retrouver l'article de Marc DEFOUR publié dans "Le Motocyclettiste" n° 10 d'octobre 1976 (je dis bien 1976). Pour ceux auxquels ce nom ne dirait rien, c'était un mécanicien de première force, co-fondateur du club du Motocyclettiste, pas forcément fan des anglaises, ayant restauré avec talent notamment les motos de course de Bernard SALVAT. Il écrivait les articles techniques de la revue.

Il évoque ce problème des fuites, provenant selon lui la plupart du temps du pointeau, plus rarement d'un flotteur percé ou trop lourd, les joints étant supposés en état.

Pour le pointeau, et en résumé:

Tige tordue, redresser délicatement.

Portée du cône. Si on observe un net creusement circulaire de la surface, alors la surface de portée du pointeau sur son siège peut se trouver augmentée dans de telles proportions que la pression unitaire sur le siège devient insuffisante et permet à l'essence de se faufiler. (même problème qu'une soupape dont la portée est excessivement large)

Le rodage du siège est impossible pour un amateur mais heureusement rarement nécessaire.

Le rodage du cône se fait avec une lime aiguille à taille extra-douce, si possible préalablement frottée au blanc de Briançon ou à la craie ordinaire. La tige du pointeau est fixée dans un tour ou une perceuse tournant à 1000 trs/mn. Il ne faut pas faire disparaître l'ancienne portée mais seulement la réduire. Rodage à la fleur de soufre mélangée à du gas-oil, pendant dix secondes maximum puis deuxième rodage à la potée extra-fine (10 secondes encore) et enfin nettoyage à l'essence suivi d'un ultime glaçage à la fleur de soufre. Il recommande, pour les cônes inversés ( soit alimentation par dessous) de faire une légère entaille pour tournevis dans la partie inférieure du cône afin de roder dans l'axe et d'avoir une géométrie correcte.

Il suggère aussi de mater légèrement le cône sur son siège avec un chasse goupille et un marteau de 2 ou 300 grs.

Enfin, il signale lui aussi le problème du niveau trop haut provoqué par des rodages excessifs du cône du pointeau et le remède sous forme d'une nouvelle entaille un peu plus basse. Il ajoute le risque, à la suite des rodages, d'une tige venant buter au fond de son logement du chapeau de cuve.

Effectivement on touche à la mécanique de (haute) précision.
Je ne connaissais pas le rodage au dentifrice (encore moins la fleur de soufre), mais on est là bien loin de ce que l'on peut obtenir avec la pâte à roder les soupapes. Quand bien même ce fut du grain fin.
Avec la nouvelle aiguille, je n'ai plus fais de rodage. Mes derniers essais étaient pas trop mal (avec du white spirit), je vais m'en contenter pour l'instant. Au pire ça reste assez facile à redémonter.
En tout cas je suis déjà rassuré de savoir que même des pointures de la mécanique se sont cassé les dents sur ce problème.







La dernière avancé, on tien le bon bout…

Le reste, c'est de l'assemblage, un jeu de mécano...
Belle renaissance en tout cas.

La fleur de soufre, disponible en drogueries, est utilisée comme répulsif contre les chats, les chiens et les serpents.

Pour le rodage du pointeau, j'avoue n'avoir jamais été au bout de la méthode de Marc DEFOUR. Aujourd'hui, le changement du pointeau est ce qu'il y a de plus rapide, de plus sûr et de plus économique. Et dans ton cas, il semblerait qu'il ait solutionné le problème.

Mais en 1976, il n'y avait pas d'internet. Soit il fallait, pour en trouver un neuf, tenter sa chance chez des marchands comme GARREAU avec tous les aléas inhérents à la personnalité de ces dinosaures et par courrier si l'on habitait pas à Paris, soit s'adresser à l'un des très rares spécialistes des anglaises exerçant en province, comme Claudeville à Bordeaux ou Francheteau à Nantes. Les délais étaient longs (normal, il regroupaient les commandes) et la démarche pas toujours fructueuse.

Les bourses d'échange étaient rares et assez peu fournies.

Donc, il fallait faire autrement et réparer tout ce qui pouvait l'être, sans compter le temps passé.

Marc DEFOUR, que j'avais rencontré trois ou quatre fois, avait pour philosophie de ne rien changer s'il pouvait faire autrement. Il allait jusqu'à suggérer de reprendre les têtes de vis 6 pans à la fraiseuse et au diviseur. Il venait aux rallyes avec une moto sur une petite remorque artisanale attelée à une Panhard 24. ( on a connu plus adapté pour tracter)

Ceci étant, je pense que je vais tenter de refaire un pointeau avec sa méthode, juste pour le plaisir de la belle ouvrage ( j'ai du stock en pointeaux usés).

Effectivement on se plaint parfois de passer plus de temps sur internet à chercher des pièces, que sur la machine à les monter.
Mais sans imaginer la galère que ça pouvait être avant internet.
Pour le rodage avec un produit peu abrasif c'est pas évidant non plus. En tenant la tige il faut éviter de la tordre, et en faisant une fente dans la tête pour un tournevis c'est risqué aussi.
Surtout que ça va être beaucoup plus long pour obtenir un résultat.
En ce qui me concerne je ne sais pas si le problème est solutionné, disons que je m'en contente pour l'instant.
Le verdict tombera quand on pourra remplir le réservoir d'essence. Dans des conditions réels donc.