Pour moi, c'était en 1970, mais je n'avais que 13 ans, et même pas encore de Mob"....Quand mon oncle (né en 1930) nous a ramené une T120 de 1968, achetée donc d'occasion à Paris avec moins de 10 000 km (la légende familiale dit que le précédent propriétaire avait acheté une "4 pattes"...

)...Avec des clignotants en bout de guidon, comme les "BM"...! Mon oncle avait pas mal roulé dans les années 1950 sur des Puch, Triumph et autres, mais plus modestes...Comme ses frères (la famille était nombreuses : 6 frères, tous avec le permis moto et 4 avec le brevet de pilote d'avion, mais c'est une autre histoire, dont 1 - l'aîné - sur Spitfire "FFL" en 1940...), et notamment mon père qui roulait dans les années 50 sur Triumph Speed puis Dominator en 1953...Mais lui n'a jamais repris, hélas ! Le garage de mes grands-parents sentait bon la gomme et l'huile, avec de tels grands galopins (qui avaient donc entre 35 et 50 ans), que nous regardions, mes cousins et moi (âgés de 10 à 14 ans), comme des héros mécaniques, mais fortement teintés "british", du fait aussi de l'aura familial de leur frère aîné, ex-pilote de la RAF, héros de guerre !
Le premier essai, pour moi, en Normandie, fut d'essayer de démarrer la T120 : Pitoyable essai du haut de mes 13 ans et mes mollets maigrichons. Qu'à cela ne tienne, coiffé du Cromwell (pour lui) et d'un infâme "bol" français à bande cuir devant (souvenir de l'armée des années 1950) pour moi, nous voilà partis sur la T120 pour un "petit essai" de 30 km. Moi cramponné derrière lui, qui, évidemment, passait ses rapports à 6000 tours...Et là, dans une courbe très prononcée en descente, il remet les gaz (en 2de j'imagine...) sur l'angle dans la montée.
Je ne me souviens pas d'avoir connu pareille extase en moto de toute ma vie (mais j'avais 13 ans, hein !)

: Le bruit, la poussée qui me paraissait interminable, le "rail" que me paraissait être la T120, tout y était...! Dès le lendemain, je ne faisais que dessiner sur mes cahiers de collège des logos "Triumph", et toutes les déclinaisons britanniques motocyclistes : BSA, MATCHLESS? ARIEL...et bine sûr NORTON (au passage les Norton m'impressionnaient un peu, bien plus que les autres...Le son du nom, sans doute ?).
La suite n'a été qu'une très longue attente pour pouvoir passer le permis "A" (les derniers mois où c'était encore à 16 ans, en 1973 !), avec la bénédiction de mon père, et où celui-ci m'a acheté ma première moto, pas cher (on rigolait pas chez nous avec la valeur de l'argent, et j'avais dû trimer les deux mois d'été pour contribuer au paiement de "ma" moto) : Une 250 BSA C11 fort correcte, mais hélas un peu malmenée mécaniquement (du style "à fond partout" !) car mes copains lycéens ne roulaient qu'en japonaises deux temps 125 ou 250, bien plus performantes que mon pauvre mono...
Hélas, hélas, mon oncle revendait sa T120 la même année, trop pris par son boulot qui le faisait voyager un peu partout dans le monde...
Depuis, bien sûr, j'ai eu toutes sortes de motos de toutes les nationalités, de toutes cylindrées, tâté du rallye africain, de l'enduro, puis du rallye routier très intensivement. Mais je n'ai jamais oublié la T120 de mon oncle et cette accélération sur une départementale normande, qui m'a gravé le logo TRIUMPH dans le cœur. Bizarrement, je n'ai acheté une T120 (mais un modèle US) qu'en 2013, n'osant pas franchir les limites de mon rêve éveillé. Malheureusement, je n'ai plus 13 ans, et la saveur n'est pas la même...
Le tonton a repris du service en 2000 (quand même âgé de 70 ans...!) en cherchant longuement une moto qui lui rappellerait sa T120, mais avec un démarreur électrique car il avait pas mal de problèmes de hanches à cette époque. La Kawa W650, pâle ersatz de la Bonneville, a fait l'affaire...Et c'est lui qui venait voir chez moi "mes" motos, un peu épouvanté par la puissance des "modernes".
Aujourd'hui, à 85 ans, il roule encore dans Paris...mais en scooter, car il dit ne plus pouvoir "enjamber" une moto.
Le petit montage qu'il m'avait donné en 2000, en baptisant la W650 la "revenante"...Visez la DS en 1970...
