Comment le compteur fonctionne-t-il  ? 

Le câble de compteur entraîne, par une chaîne de pignons, un arbre à cames, dont la vitesse est régularisée par un balancier et son ancre d'échappement.

Une des cames actionne un culbuteur, qui fait engrener durant 0,75 seconde le  pignon de l'axe oscillant avec la roue intégratrice.

La roue intégratrice  entraîne la roue d'enregistrement, qui elle entraîne la roue de stabilisation, qui elle entraîne l'aiguille.

Après 0,75 seconde, l'arbre à cames désengage l'axe oscillant, mais la roue d'enregistrement est retenue par une languette de ressort s'appuyant sur sa denture. La roue intégratrice, une fois désengrenée, est rappelée à zéro par son ressort. Peu après, la came relâche le ressort maintenant la roue d'enregistrement, qui revient à zéro avec l'aiguille.

Pratiquement, l'axe oscillant se réengage avant que l'aiguille ne soit revenue à zéro, sauf si l'entraînement s'est arrêté. Ainsi, la roue d'enregistrement reflétera un changement de vitesse chaque 0,75 seconde, communiquant ces variations à l'aiguille.

 

 RENOVATION DES COMPTEURS CHRONOMETRIQUES

(traduction de l'article de J.Jones - Classic Motorcycle avril l992)

Démonter un compteur chronométrique n'est pas aussi intimidant que cela pourrait le laisser croire. Cela peut être un agréable petit boulot sur une table de cuisine pendant une soirée d'hiver. Une fois que vous avez compris son principe de fonctionnement, en diagnostiquer les pannes n'est pas très difficile. La difficulté la plus grave qu'il puisse vous arriver, est de ne plus savoir dans quel ordre le remonter, mais avec nos photos et le guide pas à pas qui suit, vous devriez arriver à le ré assembler correctement.

Les compteurs chronométriques sont communs à des centaines de machines d'après guerre. S'il est équipé d'un journalier, une des premières choses à faire, est de retirer le bouton de remise à zéro.  Le problème suivant sera d'accéder à l'intérieur du boîtier.  

Le dévissage du cercle chromé peut poser certaines difficultés. Un chiffon trempé dans l'eau chaude permet souvent d'en venir à bout. Si vous n'y arrivez pas à la main, tentez avec une pince à sangle pour cartouche de filtre à huile. Douce chaleur et persévérance seront les clés de votre succès. Démontez le joint en caoutchouc, la vitre et son anneau de support. Vous vous faciliterez la vie lors du remontage si vous utilisez des boites séparées pour chaque sous-ensemble, des boites de margarine en plastique sont idéales.  

Pour sortir l'ensemble du mécanisme hors de son boîtier, il suffit d'ôter les 2 vis avec leurs rondelles de sécurité étoilées. Les opérateurs étant malheureusement limités à deux mains, un petit étau de support sera très utile.  

 

Après avoir extrait le mécanisme, démontez l'aiguille : avec 2 tournevis sous le cadran, faire levier prudemment pour extraire l'aiguille pressée sur son axe. Si vous choisissez des tournevis de bonne dimension, il est possible de les actionner comme came en les faisant tourner. Oter le cadran et, avant d'aller plus loin, inspecter le mécanisme pour détecter les éventuels désastres.

Les parties principales du mécanisme sont en bronze, aussi la corrosion est rarement un problème, ceux-ci sont plus fréquemment dus aux excès de lubrifiants et aux poussières métalliques. Leur origine la plus courante provient d'une poussée vers le haut de l'axe d'entraînement, causée par un câble (intérieur) trop long. Si vous avez de la chance, il ne sera peut-être pas trop tard, mais chercher un compteur à moitié mort dans une bourse vous sera une utile réserve de pièces de rechange.

Oter les deux vis qui fixent le mécanisme chronométrique dans l'embase. Ce dernier peut être laissé sur le côté pendant qu'on travaille sur la partie "totalisateur".  

Un excentrique est au centre du mécanisme à rochets qui actionne le totalisateur et le journalier (quand il existe). Démonter le contre-écrou extérieur et dévisser la vis (filetage = 7BA) de l'intérieur. L'ordre de montage, qui est visible sur la photo, est le suivant : vis, rondelle laiton, rochet vers journalier et son ressort, excentrique et sa rondelle entretoise, rochet vers totalisateur et son ressort, pignon d'entraînement et sa goupille, rondelle laiton, colonnette de support de l'embase, plaque extérieure avec goupille qui reprend les 2 ressorts de rochets, enfin, le contre-écrou.  

Maintenant, la voie est libre pour démonter et inspecter l'axe d'entraînement avec son pignon et sa vis sans fin. Oter la vis de fixation, glisser la plaquette hors de sa rainure et sortir l'axe qui prend appui sur une rondelle en laiton sur le dessus d'un feutre de graissage.  

Prendre le plus grand soin en nettoyant, car les solvants les plus inoffensifs effacent avec une efficacité remarquable les signes tant sur le cadran que sur les tambours totalisateurs ! Je n'ai jamais jugé bon de démonter ces tambours, préférant les nettoyer à l'eau savonneuse sur un coton-tige. Le totalisateur peut maintenant être remis à zéro en repoussant légèrement les ressorts de maintien des tambours, utile si l'instrument doit être monté sur une machine refaite à neuf.  

Nettoyer le mécanisme chronométrique en le rinçant dans l'essence (ou du white-spirit si vous faites ça dans la maison) en utilisant un petit pinceau pour déloger les crasses. Excès de graissage des câbles d'entraînement ou de l'huile aspirée par un câble de compte-tours sont les principaux coupables à cette étape. Les pignons de laiton sont autolubrifiants et ne nécessitent pas de graissage abondant. Séchez le mécanisme attentivement et préparez-vous à la partie la plus intéressante.  

J'ai une profonde aversion pour les instructions qui stipulent aveuglément remontage en sens inverse du démontage. Tout le monde sait que démonter est la partie facile, mais que les difficultés commencent lorsqu'il faut rassembler le tout ! Aussi, je vais tenter une approche différente : décrire comment remonter le mécanisme, puis prévenir : démontage en sens inverse du montage.  

Avec les pièces scrupuleusement propres, débuter avec l'arbre à cames et sa roue d'échappement en laiton, dont le mouvement est régularisé par une ancre d'échappement, et entraîné par un embrayage.  

Prendre l'axe, placer le petit disque en plastique, le ressort diabolo, le grand disque plastique, le pignon avec son dégagement vers l'extérieur. Compressez le ressort légèrement et glissez le clip de retenue en fibre dans sa gorge. Placez l'arbre à cames dans le trou central de la plaque de base.

Ensuite, l'ensemble de l'aiguille, qui se monte sur l'axe captif de la plaque de base. Placez une rondelle, suivie par le pignon en fibre, bossage vers le haut, et, engrenant avec lui, le pignon d'entraînement et son axe oscillant. Placez ensuite sur l'axe captif : une autre rondelle, l'ensemble de la roue intégratrice (integrator wheel) avec son embrayage à 3 ressorts, pignon vers le haut et le fin ressort dans la rainure du pilier.  

Placez la rondelle suivante, puis la roue d'enregistrement (recorder wheel), encore en accrochant le ressort autour du palier. Glissez sur le palier supérieur de l'axe oscillant le bout du culbuteur, qui pivote sur le pilier et dont la partie fourchue entoure la came supérieure. Une dernière rondelle sur l'axe principal est suivie par la roue de stabilisation (stabiliser wheel), son talon vers le dessus et son petit trou recevant la goupille de la roue d'enregistrement (recorder wheel).  

 

 

   

Placez maintenant l'ancre d'échappement (escapement anchor) après avoir contrôlé le bon état de ses goupilles. Elles peuvent s'être usées au contact de la roue d'échappement (escape wheel), causant un coincement. Elles sont simplement pressées, aussi il est possible de les chasser et de les retourner en utilisant une goutte de Loctite, de manière à ce qu'elles présentent une surface correcte aux dents de la roue d'échappement (escape wheel).  

Montez l'ensemble du balancier (balance wheel), logeant sa came et sa goupille dans le bras d'échappement. Le poids du balancier affecte son inertie, et par voie de conséquence, la vitesse de lecture. Je suis sûr que Smiths disposait d'une formule pour les réglages précis. Mais je ne suis pas au courant de leurs secrets mais, si vous le désirez, tentez des essais.  

Maintenant, montez la plaque ressort à l'intérieur du pilier d'échappement (2 vis) en l'alignant : les 2 languettes inférieures reprenant les roues intégratrice et d'enregistrement, la troisième sur l'axe du culbuteur, qui maintient l'engrènement de l'axe oscillant tant qu'il n'est pas repoussé par la came. La languette supérieure vient prendre appui dans une gorge de la roue de stabilisation et zérote (mettre sur zéro ndlr) l'aiguille.  

Fixez le ressort du balancier sous sa plaquette rainurée, tandis que les ressorts des roues intégratrice et d'enregistrement se localisent sous la plaquette ovale sur le pilier opposé. La vis allongée constitue une butée pour les roues intégratrice et d'enregistrement, ce qui devrait permettre un quart de tour environ dans le sens horlogique (des aiguilles d'une montre), avant que la goupille ne vienne à butée, mais elles sont rappelées par la pression du ressort.  

Finalement, remontez la plaque supérieure en alignant soigneusement les différents axes et en plaçant la plus longue des 2 vis au-dessus du balancier. Appliquez un petit peu d'huile de machine à coudre sur les paliers en évitant d'en mettre sur l'embrayage de l'arbre à came qui doit rester bien sec.  

Avant de replacer le mécanisme chronométrique sur l'embase, imbibez légèrement d'huile de machine à coudre les 2 feutres placés sous ce mécanisme et remontez le système à rochets des totalisateurs et journaliers en ordre inverse (désolé) du démontage, en huilant légèrement l'excentrique. Lubrifiez le feutre de l'axe d'entraînement principal, replacez la rondelle en bronze et cet axe, sa plaque de fixation et sa vis. Vérifiez ensuite le fonctionnement des rochets en tournant la prise de câble avec un petit tournevis. Remontez enfin le mécanisme chronométrique sur l'embase.  

L'instrument peut être remonté dans son boîtier après peinture. Une couche de blanc à l'intérieur ou une feuille de papier blanc placée sous le cadran faciliteront la réflexion de la lumière et le rendront plus lisible la nuit. A l'origine, un joint était intercalé entre le boîtier et l'embase. Du papier buvard est un bon substitut et collectera les excédents de lubrifiants. Avant de remonter l'aiguille, assurez-vous que la roue de stabilisation est bien revenue à zéro et notez que la plupart des compteurs indiquent 5 mph (8 Km/h) au repos et non zéro! Rendez étanche la vitre pour empêcher l'introduction de pluie (un joint silicone est idéal). Assurez-vous que la gaine du câble n'a pas tendance à s'arracher de l'embout fileté. Meulez le câble intérieur, s'il est trop long.  

A quelle vitesse va votre moto ? Maintenant vous serez capable de le dire !

Bernard de Harlez

15/12/06

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