T120 de 1966 de Marcosman

Après une enfance passée à la ferme dans les années soixante, je touche ma première poignée de gaz vers les douze ans. C’est une vieille Mobylette AU32 que j’ai réussie à remettre en marche. Dans les granges des fermes, il y a partout des motos abandonnées. Je vais monter en puissance et décrocher le permis en m’inscrivant en candidat libre à la mairie. A dix huit ans, j’ai l’occasion d’essayer une Bonnie flambant neuve qu’un garçon super sympa me prête pour un galop d’essai.

 

C’est la révélation, immortalisée par un cliché 6×6 . Cette moto est réellement prodigieuse. A cette époque, rien ou presque ne pouvait rivaliser avec la Bonnie.

Moi à 18 ans

Et nous voilà début 2006 (passage au film en couleur) J’ai quelques anglaises à quatre roues et une 650 XS, la moto sans soucis qui est pour moi la copie la plus fidèle de l’esprit Bonnie. Je l’avais acheté pour rouler sans problème et je n’en ai effectivement jamais eu. C’est une bonne alternative à la Bonnie, mais la satisfaction n’est pas totale. Je finis par lui trouver des défauts : un peu lourde, tenue de route délicate, et puis…jamais rien à faire.

 

L’envie de retrouver une vrai Bonnie des années soixante se fait de plus en plus présente. Les prix sont montés et mon pouvoir d’achat a baissé ce qui rend mes espoirs incertains.

 

Pour provoquer la destinée, je vends la japonaise et je pars en chasse sur Internet. Après une année à l’affût, je vais finalement trouver mon bonheur en Allemagne.

C’est une version US de 1966 qui a été restaurée il y a déjà de nombreuses années. Elle est dans un bon jus, avec une patine comme j’aime.

Tout n’est pas d’origine mais les numéros sont bons et les quelques modifications ont été faites avec des pièces de la marque et beaucoup de sérieux. Le frein avant date de 69, les badges de réservoir sont d’avant 64 mais vont bien avec le blanc cassé (old british white) et le rouge amarante qui lui donne un air rétro.

 

Je ne suis pas trop fan du grand guidon. Initialement, j’aurais préféré un petit cintre plat, comme les versions européennes et des garde-boue bicolores, comme le réservoir.

Le pire, c’est encore les clignotants en bout de guidon “œil de bœuf” comme disent les Allemands chez qui cet équipement est obligatoire pour passer au contrôle technique.

 

Sur le chemin du retour au bercail avec la remorque, en la regardant dans les rétroviseurs de la voiture, je me dis que je vais modifier ces détails rapidement. Et hop !

En arrivant à la maison je fais toutes les vidanges par précaution et je vais l’essayer en faisant une ballade de près de cent kilomètres. Et finalement, finalement…je vais la trouver très bien comme ça.

 

Le grand guidon est très agréable. La position de conduite me convient parfaitement. Elle démarre au premier coup de kick et le ralenti est bon. La première craque juste ce qu’il faut, elle ne consomme pas d’huile, freine bien, pousse honorablement et tient la route.

 

Je découvre encore l’allumage Boyer, les rayons inox, les départs de starter condamnés sur les Amal 930 et plein de petits détails que je n’avais pas remarqués lors de l’achat et qui témoignent d’une bonne et intelligente préparation.

 

Depuis, j’ai bien roulé et je commence à la connaître. Je l’apprécie de plus en plus et je ne regrette pas la XS, même si je roule maintenant avec une copieuse trousse à outils.

Finalement, l’été s’est passé sans autre problème qu’une casse de câble d’embrayage (pourtant graissé) et un renvoi d’angle de compte-tours qui a rendu l’âme.

Pour cet hiver j’ai prévu de changer la chaîne secondaire qui arrive au bout de ses rouleaux avec les pignons.

La grande question : Est-ce que je vais supprimer les clignotants ? Je commence à m’y habituer. J’ai un doute.

 

Patrick N dit Marcosman

 

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