HRD Vincent Comet Serie A de 1937

 Il y a quelques mois, un vieux rêve c’est réalisé : l’achat d’une HRD (Vincent) Comet Serie A d’avant guerre (par définition). La quête devait être ardue, le modèle n’ayant été fabriqué qu’à 450 exemplaires sur les quatre années de production précédent le conflit. Car comme chacun le sait, après guerre HRD passera aux Serie B, puis C et D, avant de faire faillite.

 

 

 

Membre du VOC j’ai inséré à deux reprises une annonce dans la revue du Club MPH. La première en 2005 n’a rien donné, pas une touche ! La seconde en 2006 resta sans résultat jusque janvier 2007 quand trois vendeurs se sont manifestés en quelques semaines.

 

 

 

 

 

Après de longues négociation avec l’un d’eux, un membre du club atteint par la limite d’âge, un accord a pu être trouvé en mars. Fin mai 2007, week-end de trois jours dans le sud de l’Angleterre (visite de Canterbury, Croydon, le Solent, Stone Henge et Bath) pour finalement rencontrer le vendeur et son épouse à Bristol et embarquer la moto sur une remorque.

Particularité des propriétaires de Vincent, les vendeurs veulent savoir chez qui leur moto continuera sa carrière. Lors de notre départ, l’ancien propriétaire a versé une larme : il la possédait depuis…1966.

 

 

 

 

 

 

Comme le prouve le « Work Order Form. » la moto est entrée en production le 9/10/1937. Le moteur a été terminé le 20/10/1937, voir le « Engine Specification Sheet » (en face). Le moteur a été monté dans le cadre et la moto est sortie d’atelier le 28/10/1937.

 

 

Cadre et moteur correspondent donc (« matchings numbers » comme l’on dit outre-Manche) ce qui est rare pour cette moto peu fabriquée. Cette documentation fut aimablement communiquée par le responsable des archives du club.

Après inventaire, la machine est complète à 98 %, moteur déposé et une partie des pièces sont dans une cantine, « basket case » comme disent les anglais. Seul le frein avant est probablement adapté d’une Serie B.

Le projet est évidemment de la restaurer à l’origine pour la faire rouler à nouveau. Je n’en connais que deux sur le continent, la mienne et celle d’Alain Grare de la section France du VOC (publiée dans Moto Légende l’année dernière).

L’essai de la HRD Serie A suivra dès sa rénovation.

 

Michel.

 

Suite décembre 2017 !

 

Il y a dix ans, je me suis mis à la recherche d’un spécialiste compétent pour restaurer cette moto d’exception. J’ai préféré éviter les Anglais par manque de référence connue sur le continent. L’Auvergnat consulté (car il avait déjà fait du bon travail sur ma Serie C) déclina car surchargé et je me suis alors tourné vers un Normand bien connu.

La moto quitta mon garage en juin 2007 et y revint en …février 2015, huit (8) ans plus tard après bien des péripéties, de nombreux rappels voire un début de fâcherie. Il est vrai que la moto est rare et que ce fut sa 1ère (et peut-être sa dernière) restauration de ce modèle.

Elle fit encore plusieurs allers-retours Normandie, Bruxelles, Luxembourg car le réservoir s’est avéré totalement pourri (combinaison d’éléments en acier et en chrome). Bref la moto n’est revenue sur la route qu’en juillet 2016.

Dès le début elle connu des problèmes de démarrage mais roulait très bien. Cette année j’ai trouvé le temps pour reprendre le carburateur en le nettoyant à fond et en remplaçant le gicleur et les autres pièces d’usure.

Depuis, elle démarre correctement et ses performances sont remarquables. Le troisième rapport se passe à plus de 40 miles/heure et enlève encore la moto. Mes essais sur les petites routes ne m’ont pas encore permis de tester les performances en quatrième vitesse (c’est vous dire) et je ne la pousse pas trop car il y a un rodage à respecter. Ce couple formidable se retrouvera dans les après-guerres Serie B, Serie C, etc.

La tenue de route est satisfaisante et la suspension très satisfaisante grâce au cantilever. Le freinage est conforme à ce qu’on peut attendre d’une moto de cette époque, il faut anticiper.

L’allumage se fait par une bonne magnéto BTH combinée avec un médiocre générateur 6 volt. Il n’y a pas de régulateur mais un coupe-circuit BTH introuvable et remplacé par un interrupteur manuel (pour éviter que la batterie ne se vide dans le générateur à l’arrêt). Le contacteur trois positions Miller doit encore être remplacé par un quatre fonctions combiné avec une résistance. Le schéma électrique n’est pas lumineux et reste une tâche future.

Le travail mécanique de Patrick est remarquable et la reconstruction du réservoir et les peintures de Jean-Michel sont de grande qualité.
La prise en main de la moto se poursuit. Elle m’a toujours séduit par son esthétique et par son moteur (le 1er conçu par HRD) dont le cœur bat aux rythmes des ressorts à épingle (des soupapes) bien visibles sous le réservoir.
Un aboutissement pour l’amateur de motos classiques anglaises, et de Vincent HRD en particulier.

L’année dernière, j’en étais resté au parachèvement du circuit électrique. Plusieurs mois de recherche furent nécessaires pour trouver le contacteur Miller quatre positions et sa résistance et surtout (et encore plus rare) le coupe-circuit BTH d’origine qui se fixe sur la boîte à outils. Grâce à Internet et au Vincent Owner Club, ces accessoires essentiels ont été enfin trouvés à des prix raisonnables et en New Old Stock (quelle chance !). Au passage, je trouvais également le bon ampèremètre Miller et un commutateur de phare Miller. Ce dernier est d’époque et n’est pas le bon mais je n’ai pas résisté son esthétique.

Les quatre positions du “switch” sont OFF (no comment), CH (la génératrice charge la batterie via la résistance sans aucun feu), H (feux de route) et L (feux de position).

Il restait à trouvé le schéma électrique car aucune publication d’avant guerre ou récente ne reprend le bon croquis. La lumière vint de Simon un membre du VOC qui m’expliqua:

“… Notez que le schéma du câblage (dans le manuel de Richardson, bible des motos Vincent) concerne les machines pré-A et les séries A d’avant 1935 qui utilisaient le phare et le commutateur BTH. En 1936, HRD décida de se fournir chez Miller qui fabriquait un interrupteur similaire à l’exception de la résistance de charge. Pendant un certain temps, ces motos équipées du commutateur et des éclairages Miller ont encore été construites avec les magnéto-génératrices BTH pour utiliser leurs stocks. Je n’ai jamais vu un schéma électrique “hybride” avec le générateur BTH (et son coupe-circuit BTH) et l’éclairage Miller (et son commutateur Miller). Donc un peu d’ingéniosité est nécessaire …”

 

Et il en a fallu (voir le schéma). Le montage est terminé et les essais sur route sont concluants. Si la magnéto BTH est de bonne qualité, le générateur quant à lui est médiocre. (ce qui était déjà connu, raison pour laquelle HRD changea de fournisseur et choisi Miller). Il faut que la batterie soit presque vide pour que le coupe-circuit se ferme et que la génératrice commence (faiblement) à la recharger.

 

Hier comme aujourd’hui, mieux vaut rouler de jour et ne pas se laisser surprendre par la nuit tombante.


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