zerton a écrit : ↑07 oct. 2020, 21:10
Ce n'est pas franchement dans l'inconscient collectif, le cardan et la sportivité....
Mais tu as raison, les Bohèmes à compresseur sont à cardan, d'une part ils n'avaient pas trop le choix technique je suppose s'ils voulaient
conserver des pièces de la série, d'autre part il s'agissait de motos conçues par le constructeur pour aller sur la piste....
Salut,
on devrait plutôt parler de transmission par arbre (par opposition aux transmissions par chaîne, courroie ou pignons).
Le cardan proprement dit, en fait "joint de cardan" (au départ un simple croisillon) n'est qu'un élément d'une transmission par arbre, comme le maillon n'est qu'un élément d'une chaîne... et on ne dit pas transmission par maillons, mais bien transmission par chaîne. Donc, transmission "par arbre" serait plus approprié.
D'ailleurs, le joint de cardan ne se généralise sur les transmissions par arbre qu'à partir du moment où les roues AR adoptent un système de suspension, afin que l'arbre en rotation puisse supporter des variations de plusieurs degrés de flexion.
Au temps où les motos n'avaient pas de suspension AR, les arbres de transmissions se passaient de joints de cardan... généralement, un flector en sortie de BV et un manchon à coulisse sur l'arbre suffisaient à absorber les quelques variations dues aux torsions.
Quant à l'idée reçue qu'une transmission par arbre est plus "lente" qu'une chaîne (notamment lors des changements de rapports aux régimes rapides), elle vient surtout de la lenteur des BV longitudinales, souvent en prise directe, via l'embrayage, avec la rotation de lourds volants moteurs, quand moteur à vilebrequin longitudinal et arbre primaire de BV tournent à la même vitesse.
Si les transmissions par chaîne ou courroie paraissent plus "rapides", elle le doivent moins à la chaîne en elle-même que par le fait que le moteur à vilebrequin transversal a presque toujours une transmission primaire déjà démultipliée au moment d'entraîner l'arbre primaire de BV... ce qui permet des changements de rapports plus rapides.
Ceci dit, le côté "rugueux" des transmissions par arbre vient aussi du fait que quand l'arbre est muni d'un joint de cardan à simple croisillon (donc pas homocinétique), comme sur les BMW des séries 2 à 7, par exemple, le simple croisillon engendre, en rotation et en flexion, des phénomènes de tractions latérales sur le grand diamètre de rotation et des poussées sur le petit diamètre, générant des accélérations et des freinages parasites sur le mécanisme qui se traduisent par des effets de pompages sensibles à la conduite.
Ces phénomènes disparaissent quand les joints de cardan sont doublés, pour obtenir un effet "homocinétique", un peu sur le principe mécanique du différentiel.
Enfin, sur l'ABC Gnôme-Rhône ex-Barthélemy, ABC issue des délires de Grandville Bradshow, le moteur flat-twin est à vilo longitudinal, la BV est également, dans le prolongement cinématique, à arbre longitudinaux et hop, la transmission finale se fait par chaîne, ce qui impose un renvoi d'angle en sortie de BV, ce qui est discutable sur le plan de la logique mécanique... un arbre eut été plus approprié.
Gnôme-Rhône adoptera finalement la transmission par arbre tellement plus logique et plus durable pour ses motos de gros rouleurs.
En fait, l'avantage de la chaîne, c'est qu'elle permet, à l'atelier, de varier les rapports de transmission par changement de couronne et de pignon de sortie de BV... alors qu'avec une transmission par arbre, faut changer la denture de la couronne de renvoi d'angle au niveau de la roue AR (le "pont") ou de pignons dans la BV... interventions moins "souples" qu'avec une transmission par chaîne.
Sinon, oui, l'ABC anglaise était très avant-gardiste... mais les limites de la métallurgie de l'époque n'ont pas permis d'en faire une moto fiable et cet avant-gardisme (quasiment isolationniste dans les productions de cette époque) n'a pas favorisé non plus l'abaissement des coûts de revient, donc de prix abordables pour la clientèle (pourtant fortunée) de l'époque... et l'ABC, peu fiable et chère, fit un bide.
Sur ce, je retourne dans mon arbre...