Luc94 a écrit : ↑13 mars 2020, 12:25...Probablement que le fait qu'il y ait eu des moteurs Triumph vendus seuls et d'autre part le fait que les cadres Triumph des mêmes années n'étaient pas trés rigides sont à l'origine des Tritons
Parfois je me demande si tu m'aimes vraiment
Salut Luc,
note qu'en général, l'ami Philou n'aime personne et c'est pour ça que nous sommes nombreux à l'aimer un peu quand même...
Sinon, pour revenir à tes interrogations initiales, tes lectures sur la genèse des Triton ne sont pas dénuées d'une relative véracité... en fait, comme dans toute légende, il y a plusieurs causes concomitantes et préalables à la longue élaboration d'un mythe.
Dans les années 50 en GB, il y avait des courses de 500 racer sur circuit, des petites bagnoles monoplaces qui utilisaient majoritairement des moteurs de Norton Manx, très performants à l'époque. Mais la firme Norton ne voulait pas vendre ses moteurs seuls à ces amateurs, lesquels devaient se résoudre à acheter des Manx complètes (ils devaient avoir les moyens !)... et c'est comme ça que des parties-cycles complètes de Norton se retrouvaient sur le marché de l'occase. Comme le cadre Norton Featherbed des frères Mc Candless était ce qui se faisait de mieux à cette époque, y'en a qui ont vite trouvé comment y faire rentrer ce qu'ils avaient sous la main, notamment les twins Triumph, performants, solides et disponibles.
Ceci dans un contexte d'après-guerre où tout le monde savait se démerder pour accommoder les restes.
Au final, un bon moteur dans une bonne partie-cycle, c'est très intéressant, d'autant plus que le cadre des Triumph, quand elles ont commencé à devenir vraiment rapides, c'était pas le meilleur, sans pour autant être mauvais.
Le problème qui est apparu avec les cadres Triumph, ce n'est pas tellement la boucle AR boulonnée qui supporte la fixation supérieure des amortisseurs (elle l'était aussi sur les Featherbed wide-line) et elle l'a été longtemps sur les cadres des BMW série 5, 6 et 7 (cadre d'ailleurs inspiré du Featherbed)...
Le problème du cadre Triumph de cette époque (déjà issu du cadre d'avant guerre passé entre-temps par la phase du moyeu oscillant), c'est que le bras oscillant n'est pas porté sur des goussets soudés au plus large du double-berceau AR, ce qui assure une bonne rigidité à l'ancrage du bras oscillant, mais que le bras oscillant est ancré sur deux excroissances prises sur le tube de selle... lequel se met en torsion sous fortes charges, ce qui dégrade le guidage initial du bras oscillant, rendant la tenue de route et les appuis en courbe quelques peu louvoyants, du moins pour les essayeurs de la presse moto de l'époque qui testaient les bécanes à fond sur les anneaux relevés des circuits de vitesse. Sur la route, aux allures usuelles, le cadre Triumph était suffisant.
Après, c'est le problème des cadres très rigides (comme le Featherbed) pour accueillir des vertical-twins à boîte séparée qui vibrent beaucoup... plus le cadre est rigide, meilleure est la tenue de route sous fortes charges dynamiques, mais plus le moteur vibre et plus il s'autodétruit rapidement, sans parler du confort de roulage pour le mec monté dessus et qui a l'impression d'être à cheval sur un marteau-piqueur. C'est ce qui a conduit Norton à concevoir l'Isolastic plutôt que de produire un nouveau groupe moto-propulseur, ce dont la firme n'avait plus les moyens dans les années 60.
Triumph aussi avait tenté d'améliorer son cadre pour la Bonneville (laquelle avait à sa naissance le vieux cadre de la 6-T), en passant au double-berceau en 1961... pas suffisant, Triumph rajoute encore un tube de renfort sous la poutre principale... et patatras, les vibrations dues au twin de 47 ch provoquent des dégâts, principalement pour la fixation du réservoir d'essence qui pète ses supports à tout va... plusieurs solutions sont essayées en vain et Triumph reviendra finalement au simple berceau dédoublé couplé à un groupe plus compact (BV accolée au moteur, dit "unit", au bénéfice de la rigidité de l'ensemble), avant de passer à un vrai double-berceau de chez BSA, le fameux cadre "OIF" Oil-in-frame, des dernières T-120 de 1972 aux ultimes T-140.
Voilà voilà... en gros, hein, parce ce que comme d'hab' avec les Angliches, y'a plein de détails et de complications dans cette histoire.