J’ai une BSA A10 Golden Flash de 1960 (moyenne entre un cadre de 1958 et un moteur de 1962). L’histoire fut longue pour arriver jusqu’à elle en 2007, mais je n’en ai pas démordu depuis qu’un copain d’un copain est venu à la maison en BSA il y a une trentaine d’années, un Marco parigot, qui depuis a tiré sa révérence en bécane sur le périph paraît-il.
Mais le virus avait pris bien avant encore. Vers l’âge de 12 ans, on nous a donné deux mobs, une bleue et une grosse orange. La bleue alla à mon grand frère, qui a deux ans de plus que moi. Perso, une mobylette ? quelle horreur ! ça pollue, ça fait du bruit, ça dérange la nature et les animaux, très peu pour moi ! Bon j’essaye quand même puisque tu insistes, frangin… et paf ! le virus ! Donc à 14 ans je prends le guidon de la Motoconfort orange, je lui donne pour nom Kubrick, et s’ensuivent deux ans de bons et loyaux services. Ce qui était bien c’était la position vélo quand la bougie perlait, sauf la nuit où il fallait que la dynamo donne pour avoir de la lumière. Je me souviens de quelques kilomètres à pédaler moteur en prise, et chantant très fort Bebop a lula en traversant les bois pour éloigner les loups, les ours ou qui sait quelle bestiole pouvait encore roder dans ces coins reculés de Haute Corrèze.
Mon frère se bricolait un chopaire 50cc Minarelli, très joli, fourche parallélo et réservoir goutte d’eau arborant un dégradé du blanc au bleu ciel peint à la main par maman, parfaitement inconduisible, et traînait avec des loubards en blouson noir, le MC les Guenilles d’Ussel, Raton, P’tit louis, Counil… Par-dessus le perf, une jaquette en jean avec un dessin de Reiser dans le dos, personnage hilare faisant un bras d’honneur avec « Ni dieu ni maître » écrit en dessous. Encore un bel ouvrage fait main par maman… Les plus grands, Craps, Zeu, Chiquit’ roulaient en Norton, Triumph, c’était aussi l’époque des chops BM, Laverda, il y en avait des jolis. Certains allaient courir en AFAMAC, en Ducati et Velocette.
En 1983, mon chemin rencontre celui de Tono.

Nos deux routes ne font plus qu’une depuis.
Patrick et moi allons dans quelques concentres, en Corrèze et dans le Lot, à deux sur la brave MZ, et voir une ou deux courses, Magny-Cours, Carole.


En 1985, Patrick achète la Norton. Moi je rêve d’une BSA, le virus s’est aggravé, mais ce n’est pas encore à ma portée.
A 17 ans, je passe le permis AL et abandonne Kubrick pour la MZ. Repeinte en mauve métallisée suite à un accident, guidon Z bar et grand dosseret mais selle biplace normale, démarrages en poussette devant le lycée, pas facile avec le dosseret, 100m en amazone puis passage de la jambe, hop ! et ringuinguinguing !

L’été 86 nous organisons avec des copains dordognots une petite concentre : Les rescapés de Tchernobyl. Episodes 2 et 3 en 87 et 88.


A 19 ans je passe le A en me disant que ça sera fait, le permis bagnole passera après parce que de toutes façons je ne pourrai pas faire autrement. Ma première caisse sera une 304 coupée de 71, couleur cornichon métallisé, à 31 ans. Fin 88, notre fils Tommy arrive, et le pôvre attrape le virus avant la naissance : il se retourne dans mon ventre au doux son du démarrage de la Norton, je me trouvais derrière, Brâââ ! En position pour arriver au monde grâce à une anglaise, efficace !
Le temps passe et pas de british bike pour moi. Pas assez de tune, puis pas de bonne occaz. Désespérant un peu de trouver mon bonheur, j’achète en 1999 une Enfield Bullet 500 qui, si elle est de 1991, a tout d’une vieille anglaise à part la qualité des métaux. Gromono très sympa, mais il lui manque un peu de puissance au goût de Patrick et de sa Norton.
Et surtout, ayant contracté un autre virus, l’internétite aiguë, complication courante de l’informe-à-tiques attrapée une vingtaine d’années plus tôt - faut dire j’ai le gène de la curiosité qui me rend fragile de ce côté-là - un beau jour de début 2007, je tombe sur une annonce sur iB.uk, je la vois, je la veux !


Je garderai la Enfield quelques temps, Tommy ne pouvant pas conduire nos motos avant l'âge de 25 ans.
Je la vends lorsqu'il s'achète sa Daytona. Désormais dans le garage il y a une belle brochette d'anglaises.
Quelques galères dirigent mes pas vers le MAC où je trouve de l'aide et des potes, d'abord virtuels puis rencontrés pour de vrai, dans des rassemblements, de passage à la maison ou sur les circuits.
Vive les motos anglaises dont je ne cesserai de louer la fiabilité qui m'a amenée jusqu'ici !
A bientôt sur la route !
Voilà, maintenant que je me suis présentée, je vais pouvoir participer aux discussions ? J'ai des questions sur l'huile, l'essence, l'air dans les peuneus...